Le Syndrome de l’imposteur

Céline (nom d’emprunt), 45 ans, cadre dans une multinationale, me consulte car elle a l’impression d’avoir des problèmes d’attention. Elle suspecte un TDAH car elle se sent aussi très agitée mentalement et hyperactive: elle n’arrive pas « à ne rien faire » ou à profiter d’un bon moment. Elle procrastine aussi parfois dans ses projets professionnels.

Lors du premier entretien, Céline explique qu’elle a beaucoup de mal à se concentrer à son travail, qu’elle ne sent pas efficace et qu’elle doit toujours vérifier son travail pour éviter les erreurs. Quand je lui demande si elle reçoit des remarques ou des évaluations négatives de la part de ses collègues ou de ses supérieurs, elle explique qu’ils ne remarquent rien et sont, au contraire, très satisfaits d’elle. Cela la met encore plus mal à l’aise et elle a l’impression qu’on surestime ses compétences ou se trompe sur son compte. Je remarque dans le discours de Céline beaucoup de craintes par rapport au fait de commettre une erreur dans ses tâches professionnelles ou d ‘échouer. Quand je lui demande si elle commet frequemment des erreurs d’innattention, Céline explique que c’est rare parce qu’elle est perfectionniste. Enfin, quand je lui demande comment elle se sent généralement après un succès et sur ce qu’elle se dit intérieurement, elle répond qu’elle est rarement satisfaite de son travail et qu’elle se dit souvent qu’elle aurait pu mieux faire. Dans sa vie privée, Céline n’a pas beaucoup de loisirs en dehors de sa famille et de son ménage. Elle n’arrive pas à se détendre. Quand elle procrastine une tâche importante, c’est pour faire des tâches professionnelles secondaires, mais jamais pour faire une activité plaisante. Céline explique qu’elle a eu des parents très exigeants. Il fallait ramener d’excellentes notes. Elle était dans une école également exigeante où les élèves étaient fréquemment comparés les uns aux autres selon leurs notes. Elle ressentait beaucoup de pression et de stress. Elle a réussi brillament à l’école et plus tard à l’université mais, selon elle, au prix de beaucoup d’efforts. Elle ne pense pas avoir des facilités sur le plan intellectuel car, d’après elle, si elle en avait, elle ne devrait pas faire autant d’efforts pour réussir. Elle pense aussi avoir eu beaucoup de chance dans la vie car elle vient d’un milieu socio-économique favorisé.

Comme je m’y attendais les quelques épreuves attentionnelles que j’ai fait passer à Céline sont très bien réussies. Malgré ses belles performances, Céline montrait cependant beaucoup d’anxiété et de doute lors de l’évaluation. Son histoire n’est pas non plus compatible avec un TDAH. Mais alors, qu’est-ce qui peut expliquer les difficultés d’attention de Céline?

D’une part, Céline manifeste beaucoup de préoccupations anxieuses, ce qui peut affecter ses capacités attentionnelles et sa mémoire de travail. En outre, elle est très souvent stressée et ne semble pas réussir à se détendre, ce qui peut conduire à un épuisement qui va aussi affecter ses ressources attentionnelles. D’autre part, son discours et son histoire démontrent un décalage très important entre la manière dont elle se perçoit (peu efficace, peu compétente) et la manière dont elle est perçue en réalité par son entourage (très organisée, efficace et intelligente), ce qui fait penser au syndrome de l’imposteur.

Le syndrome de l’imposteur (SI) tel que défini par Pauline Rose Clance, désigne un doute persistant quant à ses compétences et une peur irrationnelle d’être démasqué(e) comme un « fraudeur » malgré des succès objectifs. Les personnes qui en souffrent attribuent souvent leurs réussites à des facteurs externes (chance, circonstances, aide d’autrui) plutôt qu’à leurs compétences réelles. Clance a d’abord observé ce phénomène chez des femmes hautement performantes, mais des recherches ultérieures ont montré qu’il concerne aussi bien les hommes que les femmes et peut toucher divers domaines professionnels et académiques.

Les caractéristiques principales du SI selon Clance :

  • Sentiment de fraude malgré des preuves de réussite, impression de tromper les autres
  • Peur d’être exposé(e) comme incompétent(e)
  • Difficulté à intérioriser, accepter ses succès 
  • Attribution des réussites à la chance ou à l’aide extérieure.
  • Auto-exigence excessive, perfectionnisme
  • peur de l’échec et des erreurs

Selon une étude de Bravata et al. (2020), le syndrome de l’imposteur est significativement corrélé à des niveaux élevés d’anxiété. Il est notamment fortement associé à l’anxiété de performance et à l’anxiété généralisée. Les personnes concernées ressentent en effet une pression constante pour maintenir un niveau de réussite élevé par peur d’être « démasquées ». Cette peur peut engendrer :

  • Une rumination anxieuse : anticipation excessive de l’échec et scénarios catastrophes.
  • Un perfectionnisme rigide : procrastination ou surinvestissement pour éviter toute erreur.
  • Des symptômes physiques d’anxiété (palpitations, tensions musculaires, troubles du sommeil).

Lorsque le syndrome de l’imposteur est chronique, il peut évoluer vers une baisse de l’estime de soi, une dévalorisation excessive, un sentiment d’incompétence, épuisement émotionnel qui sont des facteurs de risque majeurs pour la dépression.

le syndrome de l’imposteur et le burnout sont aussi étroitement liés, car les mécanismes psychologiques du premier peuvent favoriser l’épuisement professionnel. Ainsi, un niveau d’auto-exigence excessive conduit à travailler plus que nécessaire pour « prouver sa valeur » ou fournir un travail « parfait ». De même, la difficulté à reconnaître ses réussites mène à un sentiment de ne jamais en faire assez.

Cet hyper-investissement n’est généralement pas compensé par des périodes de repos ou de détente car il y a généralement une sensation de culpabilité lors des pauses. Il n’est donc pas étonnant que les capacités attentionnelles en prennent un coup, elles qui ne sont pas illimitées. En outre, l’anxiété chronique conduit à un stress persistant délétère qui fait le lit du burnout.

Le surinvestissement alterne aussi avec des phases de procrastination : réaliser un travail « parfait » (idéal de la personne) demande énormément d’énergie, de travail et est particulièrement anxiogène. Comme la personne craint d’échouer ou d’être critiquée, elle évite de s’y mettre, se lance frénétiquement dans des tâches plus secondaires (trop stressée pour s’amuser). Quand elle finira par s’y mettre en dernière minute, elle pourra protéger son estime de soi fragile en se disant « Si j’échoue, c’est parce que je n’ai pas assez travaillé, pas parce que je suis incompétente. » Cette stratégie inconsciente de protection peut aussi constituer de l’auto-sabotage : la personne se met elle-même des bâtons dans les roues pour éviter de confronter une peur profonde : l’échec, le rejet, ou la confirmation qu’elle « n’est pas à la hauteur ». Parfois, ça passe et le travail en dernière minute est tout de même bien fait, mais parfois, il est abandonné (« Je préfère ne pas essayer plutôt que de faire quelque chose de moyen. »).

Céline a été rassurée sur ses capacités attentionnelles, mais il lui a donc été vivement conseillé de réaliser un suivi thérapeutique impliquant notamment :

  • Une restructuration cognitive : identifier et déconstruire les pensées automatiques négatives (pensées/croyances dysfonctionnelles), apprendre à attribuer ses succès à ses propres mérites quand c’est justifié, etc.
  • Un travail sur le discours intérieur et l’auto-compassion : accepter ses réussites sans les minimiser, apprendre à se parler de manière encourageante et constructive, etc.
  • L’apprentissage de techniques de gestion du stress : méditation, respiration, TCC, activité physique etc.
  • La psychoéducation sur le phénomène pour prendre du recul (lecture d’ouvrages ou écoute de podcasts sur ce thème)
  • L’apprentissage de stratégies et conseils neuropsychologiques pour mieux comprendre et prendre soin de ses ressources cognitives et émotionnelles.

Sans cela, elle risque effectivement de s’épuiser et de voir un jour ses capacités cognitives réellement affaiblies. En effet, le stress chronique à long terme est délétère pour les capacités cognitives comme la mémoire et l’attention. Le stress prolongé entraîne une libération excessive de cortisol, qui peut littéralement rétrécir l’hippocampe, une structure clé pour la mémoire. Il perturbe aussi les processus de régulation du cortex préfrontal, essentiel pour l’attention soutenue, le contrôle des impulsions et la flexibilité cognitive. Après un burnout, il arrive aussi que l’amygdale, centre de la peur et des émotions, devienne hyperactive, entraînant un état de vigilance permanent. Ce qui peut expliquer pourquoi beaucoup de patients post-burnout se décrivent ainsi souvent comme beaucoup plus sensibles et émotionnels qu’avant.

Catherine Demoulin

Pour aller plus loin:

Le syndrome de l’imposteur : les clés pour changer d’état d’esprit ! De Kevin Chassangre

Traiter la dépréciation de soi : le syndrome de l’imposteur. De Kevin Chassangre

Pleurer un peu, beaucoup ou pas du tout

Carla, la trentaine, me consulte car elle se questionne par rapport à ses réactions émotionnelles : « Je pleure très facilement, même pour des choses anodines. Je me demande si c’est normal. Est-ce que je suis hypersensible ? »

A l’opposé, Henri, lui, s’inquiète de ne jamais verser une larme mais aussi de sa réaction face aux pleurs d’autrui : « Je dois dire que voir ma compagne ou mes enfants pleurer me met très mal à l’aise. Cela me rend très nerveux. Je ne sais pas quoi faire quand ils se mettent à pleurer. Je n’aime pas ça et parfois je me fâche. Je leur dis d’arrêter de pleurer, d’arrêter de faire du cinéma. J’ai l’impression qu’ils pleurent pour un rien. Moi, je ne pleure jamais, même aux enterrements. Ce n’est pas pour autant que je ne suis pas triste ou que suis insensible, mais je n’ai pas envie de le montrer aux autres. Je me demande parfois si c’est normal d’être comme ça. »

Dans ces deux types de demandes, les personnes se questionnent sur leurs réactions émotionnelles et en particulier sur le fait de pleurer ou non face à une situation émotionnelle. Dans cet article, nous allons essayer de mieux comprendre la fonction des larmes dites « émotionnelles » (car toutes les larmes n’ont pas la même fonction) et pourquoi nous pouvons avoir des réactions très différentes face à une même situation.

Pourquoi sommes-nous si différents en matière de pleurs ?

Les larmes émotionnelles sont des larmes versées en réponse à une émotion intense, positive (joie, soulagement) ou négative (tristesse, frustration). Elles se distinguent des larmes basales (qui lubrifient l’œil en permanence) et des larmes réflexes (qui réagissent à des irritants comme l’oignon ou la fumée). Mais même des stimuli émotionnels très intenses ne provoquent pas systématiquement des larmes chez toutes les personnes, laissant ainsi une place importante aux différences individuelles.

Sur le plan des différences individuelles, un puissant prédicteur d’une tendance à pleurer est de présenter un niveau élevé de « névrosisme », un trait de personnalité marqué par davantage d’instabilité émotionnelle.  À l’inverse du continuum, on trouve l’alexithymie, un trait marqué par des difficultés à exprimer et à traiter les émotions, qui elle est associée à une fréquence réduite des pleurs, mais aussi à une détérioration de l’humeur après avoir pleuré. La présence de ces traits chez une personne peuvent être en partie liées à la génétique, et en partie liée à des facteurs environnementaux.

Il existe en effet de nombreux facteurs environnementaux qui peuvent moduler la propension à pleurer, notamment :

  • L’éducation émotionnelle : Les personnes ayant grandi dans un environnement dans lequel l’expression des émotions était encouragée pleurent plus facilement. Ainsi, des personnes qui ont appris durant l’enfance que pleurer était une réaction normale et qui ont reçu le soutien approprié en réponse à leurs pleurs, peuvent toujours avoir cette habitude à l’âge adulte (même si les bénéfices ne sont pas toujours au rendez-vous). À l’inverse, un enfant qu’on n’a pas autorisé à pleurer (« un garçon, ça ne pleure pas ! » « Arrête de faire ton Calimero ! ») ou dont on s’est moqué parce qu’il pleurait, apprendra que pleurer est à une réaction à éviter. À l’âge adulte, il peut potentiellement avoir toujours cette habitude de ne pas exprimer ses émotions par des pleurs.
  • Les normes culturelles : certaines cultures acceptent plus facilement les manifestations émotionnelles que d’autres. Ainsi, les cultures latines et méditerranéennes ont tendance à être plus expressives émotionnellement et il est courant et tout à fait accepté de pleurer dans des situations de deuil, de joie intense et de frustration. Dans les cultures nordiques, britanniques, chinoises ou encore russes, la retenue émotionnelle et la maîtrise de soi sont davantage valorisées. Pleurer en public, surtout pour un homme, peut être perçu comme un manque de contrôle de soi et de faiblesse.
  • Le style d’attachement : il se forme dès l’enfance à travers les interactions avec les figures d’attachement (souvent les parents) et influence la façon dont une personne vit ses relations à l’âge adulte. Les personnes ayant un attachement sécure expriment plus aisément leurs émotions que celles avec un attachement évitant. Les personnes avec un attachement sécure ne voient pas les pleurs comme une faiblesse. Elles peuvent pleurer en public si elles ressentent une émotion forte, mais elles ne se sentent ni honteuses ni trop vulnérables en le faisant. Elles savent aussi demander du soutien sans crainte du rejet et peuvent consoler les autres qui pleurent sans malaise. Les personnes avec un attachement évitant ont appris à ne pas compter sur les autres émotionnellement. Elles évitent donc de pleurer en public et peuvent même ressentir du mépris envers celles et ceux qui le font. Elles répriment souvent leurs émotions, mais dans des situations de forte détresse, elles peuvent exploser de manière inattendue. Les personnes avec un attachement anxieux pleurent souvent plus facilement et plus ouvertement, car elles ont une forte sensibilité aux émotions et aux relations. Parfois, leurs pleurs sont un moyen (inconscient) de susciter du soutien ou de tester l’engagement des autres.

En ce qui concerne les facteurs génétiques, il y a notamment :

  • Les hormones : La prolactine et l’ocytocine, plus présentes chez les femmes, favorisent une plus grande propension aux pleurs.
  • Tempérament : dès la naissance, il y a des bébés plus sensibles que d’autres. Des bébés qui ont besoin d’être tout le temps dans les bras de leur mère pour s’apaiser et d’autres qui ont des besoins moins intenses, qui sont plus « faciles ».
  • Troubles neurodéveloppementaux dans lesquels la gestion des émotions est souvent plus compliquée :
    • Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Activité (TDAH), Les personnes avec un TDAH peuvent présenter une hyperréactivité émotionnelle, liée à une difficulté à contrôler et inhiber leurs réactions émotionnelles. Par conséquent, elles peuvent vivre plus intensément des émotions (positives ou négatives) qui « montent et redescendent » alors rapidement. Certaines d’entre elles peuvent donc avoir la larme facile.
    • Trouble du Spectre Autistique (TSA) Chez les personnes avec un TSA, la gestion émotionnelle est souvent compliquée par des difficultés à identifier, comprendre et exprimer les émotions (alexithymie) et par une hypersensibilité sensorielle et émotionnelle (une surcharge sensorielle peut entraîner une réaction émotionnelle intense). Certaines personnes avec TSA pleurent en cas de stress intense, d’autres presque jamais (elles peuvent ressentir une détresse intense mais ne pas l’exprimer de manière visible).

Un mécanisme de régulation émotionnelle selon le contexte

Si certains perçoivent les larmes comme un signe de faiblesse, les recherches en psychologie et en neurobiologie suggèrent qu’elles peuvent jouer un rôle essentiel dans la régulation émotionnelle et particulièrement dans la régulation physiologique du stress. Les larmes émotionnelles ont effet une composition biochimique spécifique. Elles contiennent une petite quantité d’hormones du stress, notamment le cortisol et l’adrénocorticotrophine (ACTH). Cela suggère donc que pleurer aide à éliminer ces substances produites en situation de stress et favorise un retour à l’équilibre physiologique. De plus, après un épisode de pleurs, le système parasympathique s’active, entraînant un ralentissement du rythme cardiaque et une sensation d’apaisement. L’idée que les pleurs sont bénéfiques pour le bien-être psychologique et même physique est aussi largement répandue dans la littérature populaire ainsi que dans de nombreuses théories psychologiques.

Toutefois, les preuves empiriques dressent un tableau plus complexe. Ainsi, Vingerhoets, Bylsma & Rottenberg (2011) ont montré que le soulagement après des pleurs n’est pas immédiat. C’est après environ 20 à 30 minutes, que des signes physiologiques de relaxation apparaissent, notamment une diminution de la fréquence cardiaque et une sensation de calme. En outre, les bénéfices des pleurs dépendent du contexte et du soutien social. Ainsi, en l’absence de soutien de la part de l’entourage, pleurer peut augmenter les émotions de détresse. Sharman, Dingle & Vingerhoets (2020) ont confirmé que les personnes recevant du soutien après avoir pleuré ressentent une amélioration de leur humeur, contrairement à celles qui pleurent seules sans réconfort. Sans soutien, pleurer peut accentuer le mal-être (sentiment d’isolement, impuissance).

Ce qui peut expliquer pourquoi certaines personnes qui ont grandi dans un environnement où pleurer n’était pas accepté, voir réprimé, ont à l’âge adulte, toujours une réaction de stress et d ‘évitement face aux pleurs (potentiellement le cas d’Henri en début d’article). Leur cerveau a appris durant l’enfance que c’était un comportement qui engendrait une réponse négative de la part de l’entourage. A l’âge adulte, face à leur enfant qui pleure, ils peuvent donc toujours avoir des réactions de stress intense, ne pas le supporter (quand bien même ils peuvent comprendre que c’est normal pour un enfant de pleurer).

La régulation émotionnelle

En conclusion, pleurer fait partie d’un éventail de stratégies de régulation émotionnelle. Il y a un bénéfice certain à pleurer chez un psy ou avec des proches qui se montreront réconfortants et soutenants. En revanche, pleurer en présence de personnes qui ne peuvent pas donner du réconfort ou sont jugeants, peut entraîner un sentiment d’isolement et aggraver l’émotion négative. Si les pleurs sont excessifs et incontrôlables, que l’on ne peut s’empêcher de pleurer peu importe le contexte cela peut indiquer des difficultés de régulation émotionnelle (exemples dans la dépression ou l’anxiété). A l’inverse, les personnes qui répriment leurs pleurs et autres expressions émotionnelles de manière excessive, peuvent voir augmenter leur stress interne. Cela peut sembler évident, mais il est toujours bon de rappeler ces nuances devant les info, mythes et conseils qui circulent abondemment sur les réseaux sociaux par rapport à l’hypersensibilité et l’expression des émotions.

Dans ces deux cas clinique évoqués en début d’article, un travail thérapeutique est conseillé afin d’investigué les causes potentielles derrière les comportements problématiques.

En neuropsychologie, nous parlons souvent de difficultés dans la régulation émotionnelle dans le cas de réactions émotionnelles excessives. La régulation émotionnelle n’a rien à voir avec de la répression émotionnelle, car il s’agit, dans un premier temps, de pouvoir identifier ses émotions et donc d’accepter leur présence, pour ensuite ajuster sa manière d’y répondre à court terme et à même plus long terme. La régulation émotionelle désigne donc la capacité à moduler ses réponses émotionnelles en fonction du contexte, des objectifs et des exigences sociales. Elle joue un rôle clé dans la manière dont une personne gère le stress, les conflits et les événements émotionnels. Avoir plusieurs stratégies de régulation émotionnelle à court et à plus long terme permet d’exprimer ses émotions d’une manière plus adaptée, de prendre soin des besoins sous-jacents aux émotions et, en retour, d’avoir une amélioration de son état.

Références :

Bylsma, L. M., Croon, M. A., Vingerhoets, A. J. J. M., & Rottenberg, J. (2011). When and for whom does crying improve mood? A daily diary study of 1004 crying episodes. Journal of Research in Personality, 45(4), 385–392. https://doi.org/10.1016/j.jrp.2011.04.007

Vingerhoets, A. J. J. M., & Scheirs, J. G. M. (2000). The influence of crying on mood: A review of the literature. Psychological Bulletin, 126(4), 450–465.
https://doi.org/10.1037/0033-2909.126.4.450

Sharman, L. S., Dingle, G. A., Vingerhoets, A. J. J. M., & Vanman, E. J. (2020). Using crying to cope: Physiological responses to stress following tears of sadness. Emotion, 20(7), 1279–1291. https://doi.org/10.1037/emo0000633

Les commotions cérébrales dans le sport

Certains sports comportent naturellement plus de risques que d’autres, comme le rugby, le hockey sur glace, le football américain ou la boxe. Cependant, d’autres sports comme le basket-ball, le football, le vélo ou l’équitation comportent également certains risques. Sachant qu’il est impossible d’éviter tout risque de commotion dans la pratique sportive, mieux vaut savoir comment gérer ce type de blessure, qui ne ressemble à aucune autre.

Qu’est-ce qu’une commotion? Comment la reconnaître ? Que faire si on suspecte une commotion chez un de ses joueurs ou son enfant? Cet article vous permettra d’y voir un peu plus clair sur les commotions et, le cas échéant, d’avoir la bonne attitude si vous êtes confronté à ce type d’accident.

Qu’est-ce qu’une commotion ?

Une commotion cérébrale est un traumatisme crânien léger, à la suite d’un coup direct donné à la tête, au visage ou à la nuque ou d’un choc indirect, qui entraîne un mouvement rapide du cerveau à l’intérieur de la boîte crânienne. Bien que le traumatisme craniocérébral soit qualifié de léger, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une véritable lésion ou blessure que subit le cerveau. Il ne faut donc en aucun cas le prendre à la légère. Une commotion entraîne rapidement une brève altération de la fonction neurologique qui se rétablit spontanément.

Pendant longtemps, le diagnostic de commotion cérébrale était posé uniquement si une perte de connaissance avait lieu. Or, moins de 10% des athlètes perdent connaissance lors d’une commotion. Le meilleur indicateur d’une commotion serait plutôt l’amnésie circonstancielle (le moment de l’impact qui a entraîné la commotion est oublié par le patient. Les quelques instants qui précèdent également). D’autres signes d’alerte peuvent aussi indiquer une commotion: confusion, désorientation, vision floue, sensibilité à la lumière ou au bruit, problème d’équilibre

Toute suspicion de commotion doit conduire à la sortie définitive du match ou de l’entraînement. Attention à l’athlète qui minimisera ses symptômes pour ne pas être retiré du jeu! Une évaluation plus approfondie doit être effectuée hors du terrain pour mieux déterminer le niveau de gravité de la commotion cérébrale. L’athlète ne doit pas être laissé seul pendant les 4 heures suivant l’événement et il ne faut pas hésiter à consulter un médecin spécialiste dans les plus brefs délais au moindre doute.

Deux grands types de commotions

Les commotions simples

La grande majorité des commotions diagnostiquées sont dites simples: elles guérissent généralement dans les 7 à 10 jours, au maximum dans le mois chez les enfants.

Les commotions complexes

Quand les séquelles persistent au-delà de 10 jours chez un adulte ou au-delà d’un mois chez un enfant ou un adolescent, on parle alors de commotion complexe ou à évolution lente.

Les conséquences d’une commotion

Les séquelles d’une commotion cérébrale peuvent être multiples et variées. On peut retrouver quatre types de problèmes:

  • Des symptômes physiques: maux de tête, nausées, vertiges, étourdissements, troubles visuels, perte de conscience, perte d’équilibre, vomissements (surtout chez les enfants), sensibilité aux bruits ou aux sons …
  • Des changements comportementaux: irritabilité, tristesse, anxiété, sautes d’humeur…
  • Des troubles cognitifs: ralentissement (sentiment d’être au ralenti ou dans le brouillard), difficultés de concentration, de mémoire, troubles d’organisation, de planification…
  • Des troubles du sommeil: somnolence, hypersomnie, insomnie, difficultés d’endormissement…

Ces séquelles peuvent subsister à court, moyen ou même à long terme. On parle de syndrome post-commotionnel quand ces symptômes perdurent au delà d’un mois ou 6 semaines.

Ces symptômes peuvent évidemment perturber le fonctionnement social, familial, professionnel et/ou scolaire de la personne, et conduire à l’arrêt définitif de la pratique sportive à risque.

Il faut aussi savoir qu’une personne qui a eu une commotion cérébrale a 3x plus de chances d’en subir une seconde au cours de la même saison, et aussi plus de risque qu’un choc moins important engendre chez elle une autre commotion cérébrale. Les athlètes qui ont été victimes de commotions multiples ont souvent des déficits persistants de mémoire et des fonctions exécutives.

Les conséquences de commotions à répétition

Si le cerveau reçoit un nouveau coup alors qu’il n’est pas remis du premier, les risques peuvent être tragiques, avec des séquelles persistantes et handicapantes, voire même le décès. Il est donc essentiel de ne pas reprendre le sport à risque avant la guérison complète (disparition des symptômes). On parle de syndrome du second impact lorsqu’un athlète reçoit une autre blessure au cerveau, alors qu’il présentait encore les symptômes d’un traumatisme craniocérébral précédent. Ce syndrome du second impact est un événement rare, mais qui peut conduire à des résultats catastrophiques ou à un prolongement important du temps de récupération.

A plus long terme, les commotions à répétition peuvent également aboutir en une maladie neurodégénérative, comme l’encéphalopathie chronique traumatique. Cette pathologie se marque par des troubles cognitifs (mémoire, attention, fonctions exécutives), comportementaux (irritabilité, agressivité) et émotionnels (dépression et anxiété). Ainsi, de nombreux boxeurs à la retraite, suite aux chocs répétés sur la tête, ont développé ce type de pathologie, qui évolue ensuite vers une démence. Les footballeurs (à cause du jeu de tête) auraient également 3,5 fois plus de chances de succomber des suites d’une pathologie neurologique que le reste de la population.

Le jeu de tête et les chocs tête contre tête au football sont susceptibles d’entraîner des traumatismes crâniens légers, qui à force d’être répétés, augmentent le risque de pathologies neurologiques lors du vieillissement. Les jeux de tête au football ont donc été bannis chez les enfants dans certains pays.

Prise en charge

Dans les 24 à 48h, le repos complet demeure le traitement de première instance de la commotion cérébrale: arrêt complet des activités physiques, intellectuelles et sociales pour diminuer au minimum l’activité du cerveau et ainsi accroître sa récupération. Le repos prolongé, en revanche, peut aussi avoir des effets indésirables. Une prise en charge individualisée est ensuite nécessaire.

Une commotion cérébrale est un traumatisme crânien qui comporte un haut degré d’incertitude. La prise en charge dépendra des symptômes présentés par la personne et de sa récupération.

Cette prise en charge doit être effectuée de manière pluridisciplinaire : médecin du sport, neurologue, neuropsychologue, physiothérapeute, préparateur physique… Il est en tout cas important d’être entouré par des professionnels compétents.

Certaines Fédérations Sportives (comme celle de Rugby) disposent de protocoles de prise en charge et de retour au jeu (ex: pas de retour au match ni à l’entraînement tant que les symptômes persistent). Cependant, on constate qu’en Belgique, on est toujours à la traîne par rapport à d’autres pays en matière de diffusion d’informations aux clubs sportifs dans les autres sports (jugés moins à risque). Il en résulte évidemment que beaucoup de victimes de commotions cérébrales n’ont sans doute pas été correctement détectées et suivies. Or, l’information et la sensibilisation auprès des sportifs, parents, coachs etc. sont le meilleur moyen d’éviter les séquelles à long terme d’une commotion.

Le retour à l’école ou au travail devrait également se faire de façon progressive, avec les ajustements nécessaires, de façon à respecter les besoins particuliers de chaque individu. 

Quelques règles d’or en cas de commotion

La neuropsychologue, Catia Bendi, spécialisée dans la prise en charge thérapeutique des commotions cérébrales a proposé des règles d’or à respecter si vous êtes victime d’une commotion. En voici quelques-unes:

  • Etre patient. Comme la durée de la récupération est inconnue, il faut se montrer patient et ne pas vouloir reprendre son sport avant récupération complète.
  • Faire peu, se reposer beaucoup. La fatigue (physique ou mentale) est un symptôme prédominant après un traumatisme crânien. Il est donc primordial de se reposer. Il peut être judicieux de pratiquer ses activités le matin plutôt qu’en fin de journée. Il faut aussi alterner activités physiques et mentales, qui seront au départ peu nombreuses et qu’on augmentera par la suite, progressivement.
  • Maximiser ce qui fait du bien, minimiser ce qui fait du mal. Pour favoriser la récupération, il est nécessaire de rester en-dessous du seuil des symptômes. Il faut donc éviter les activités qui vont provoquer le développement des symptômes et découvrir de nouvelles activités qui font du bien au cerveau (marche, lecture…).
  • Intensité OU durée OU fréquence. Quand on augmente une activité physique ou mentale, on augmente soit son intensité, soit sa durée, soit sa fréquence, mais pas les trois en même temps.
  • S’arrêter avant ! Dans le cas d’une commotion, il ne s’agit pas de sortir de sa zone de confort (comme un sportif le fait habituellement). Il faut s’arrêter AVANT de ressentir les symptômes (maux de tête, étourdissement, fatigue…).
  • Eviter les écrans. On observe que les symptômes persistent plus longtemps chez les sportifs qui passent des heures sur les écrans. Il faut aussi se méfier de la lumière bleue produite par les écrans qui peut perturber les rythmes du sommeil.

En conclusion, une commotion cérébrale doit toujours être prise au sérieux, surtout chez les enfants et adolescents, dont le cerveau est en développement. On ne connaît jamais sa gravité au moment de l’impact, ni son évolution qui va dépendre de nombreux facteurs (type de choc, antécédents du sportif, nombre de commotions, âge, durée de l’amnésie…). Il faut donc se montrer particulièrement vigilant et ne pas hésiter à consulter un médecin spécialisé en cas d’un ou plusieurs symptômes mentionnés plus haut.

Références

  • Beni, C. (2019). Chapitre 3. Prise en charge d’une commotion cérébrale dans le sport. Dans : Roberta Antonini Philippe éd., 10 cas pratiques en psychologie du sport (pp. 51-74). Paris: Dunod. https://doi.org/10.3917/dunod.anton.2019.01.0051″
  • Lignes directrices sur la gestion des commotions cérébrales pour les thérapeutes du sport agréés du Québec (ici)
  • « Comment fonctionne le protocole de World Rugby pour la Reprise Progressive du Jeu » article publié en ligne le 03/02/21
  • http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/loisir-sport/Protocole_de_gestion_des_commotions_cerebrales_FR.pdf
  • Pour vous aidez à détecter une commotion en milieu sportif: https://education.sciencenorth.ca/wp-content/uploads/2020/06/Scat3-pocket-FR.pdf

Activité physique & nature contre Anxiété & Dépression

En Belgique comme en France, on consomme énormément d’anti-dépresseurs et d’anxiolytiques. Et dans la majorité des cas, ceux-ci sont prescrits par un médecin généraliste, non par un psychiatre, pour mieux gérer des épreuves difficiles sur le plan émotionnel. Parfois, les patients continuent à prendre ces médicaments à long terme, alors qu’ils avaient été prescrits que pour une courte durée.

Or, idéalement, ces médicaments ne devraient être utilisés que dans les formes sévères de dépression ou d’anxiété (donc après diagnostic émis par un spécialistes de ces troubles). Pour les formes moins sévères de dépression et d’anxiété, une psychothérapie est recommandée, afin d’explorer les causes du mal-être, d’exprimer et de partager le vécu émotionnel, d’envisager des solutions, des changements dans le mode de vie, etc. Malheureusement, on a aujourd’hui tendance à médicaliser très vite les états émotionnels liés aux événements de la vie (difficultés professionnelles, deuil, divorce…) et à vouloir soulager immédiatement les difficultés psychologiques sans accompagnement et travail psychologique.

Les émotions ont une fonction informative: elles véhiculent un message, nous indiquent si nos besoins et nos valeurs sont satisfaits. Les ignorer ou chercher à les « anesthésier » pour continuer à fonctionner « normalement » n’est pas une solution valable à long terme. Un grand nombre de pathologies psychologiques ont, en effet, leur origine dans la non-réalisation de nos besoins (ex: besoins de reconnaissance, d’affection, de sécurité, de liberté, d’accomplissement…). Un travail sur ses émotions et ses besoins fondamentaux est donc un élément central dans la résolution des conflits intérieurs et extérieurs.

A ce travail thérapeutique, devraient s’ajouter une activité physique régulière et des sorties nature. En effet, ces activités peu coûteuses peuvent être considérées comme des stratégies importantes dans la régulation des émotions. Nous allons découvrir pourquoi.

Les effets de l’activité physique sur l’état émotionnel

L’OMS préconise aux adultes de consacrer au moins 150 à 300 minutes (2h à 5h) par semaine, à une activité d’endurance d’intensité modérée ; ou de pratiquer au moins 75 à 150 minutes d’activité d’endurance d’intensité soutenue. L’OMS ajoute qu’ils devraient pratiquer 2 fois par semaine (ou davantage) des activités de renforcement musculaire d’intensité modérée ou supérieure – qui sollicitent les principaux groupes musculaires.

On sait déjà qu’avoir un niveau d’activité physique élevé nous protège contre de nombreuses maladies (diabètes, maladies cardiaques, cancer du colon, hypertension…), améliore la qualité de notre sommeil et celle de notre vie sexuelle. Mais ses effets positifs ne se limitent pas à notre santé physique.

De plus en plus d’études montrent, en effet, que l’exercice physique peut représenter un traitement efficace contre la dépression légère à modérée, et contre l’anxiété (voir la méta-analyse récente de Aylett, Smal & Bower, 2018). Allier travail thérapeutique et programme d’activité physique serait particulièrement bénéfique.

Voici quelques effets immédiats du sport sur le cerveau :

  1. Augmentation la sensation de bien-être : l’activité physique modérée ou intense entraîne la libération d’une série d’hormones et de neurotransmetteurs, comme les endorphines, la dopamine et la sérotonine. Cela favorise après-coup une sensation de bien-être, d’apaisement. Plus on bouge, plus on a envie de bouger davantage, car le cerveau en redemande. C’est un cercle vertueux.
  2. Déconnexion : lorsqu’on est concentré sur une activité physique, le cortex préfrontal (siège notamment des ruminations…) connaît une baisse d’activité. Les ressources du cerveau sont recrutées pour la perception, la planification et l’exécution des mouvements du corps. Cela permet de se « vider l’esprit » des soucis, de mettre en pause les ruminations mentales que connaissent les personnes déprimées ou anxieuses.
  3. Réduction de l’hormone du stress : le stress chronique (que vivent les personnes anxieuses) s’accompagne d’une montée de cortisol, ce qui s’avère délétère à long terme pour le cerveau. Or, l’activité physique permet justement de réduire le niveau de cortisol et pourrait même « réparer » les dégâts provoqués par l’excès de cortisol sur certaines régions cérébrales.
  4. Augmentation de l’estime de soi et du sentiment de compétence : l’estime de soi et le sentiment de compétence sont généralement défaillants en période de mal-être. L’activité physique permet de rehausser ces sentiments. Lorsqu’on se dépasse, qu’on fait l’effort de surmonter sa tendance à l’inertie et qu’on atteint un petit objectif, on se sent généralement content de soi après-coup (pour autant qu’on ne se soit pas fixé des objectifs irréalistes).

A plus long terme, une activité physique régulière entraîne aussi d’importants bénéfices sur le cerveau et les fonctions cognitives, notamment sur l’attention, la mémoire à long terme et les fonctions exécutives. D’où l’importance de la régularité.

Alors pour notre équilibre mental… Bougeons ! Quelles que soient les activités physiques choisies (marche, jardinage, jogging, vélo, fitness, tennis, basket, boxe, yoga, natation…), l’essentiel est qu’elles soient régulières (3 à 5 fois semaine). Choisissez des activités qui vous plaisent. L’accompagnement d’un coach personnel n’est pas un luxe pour démarrer si votre « coach intérieur » est défaillant.

Passons maintenant aux bienfaits de la nature sur notre moral.

Les effets de la nature sur l’état émotionnel

Notre besoin de nature est généralement insatisfait mais peu d’entre nous en ont conscience. En effet, sur le plan de l’évolution, nous ne sommes pas adaptés à rester assis derrière un bureau 8 h par jour sous des lumières artificielles et derrière un écran. A contrario, notre corps est tout à fait adapté à marcher, à courir, à explorer l’environnement et à vivre au rythme de la nature. D’ailleurs, l’hormone du sommeil est libérée progressivement lorsque la lumière du jour baisse. Or, pour beaucoup d’entre nous, notre environnement est de plus en plus urbain, avec de moins en moins d’expérience avec la nature.

Un nombre croissant d’études démontre l’impact positif de la nature sur notre santé tant physique que mentale, et cela à tout âge de la vie (e.g., Bowler et al. 2010). Ainsi, l’exposition à la nature entraîne:

  • une diminution du stress (baisse du rythme cardiaque, de la pression artérielle et du taux de cortisol),
  • une amélioration de l’humeur,
  • une hausse de l’estime de soi
  • une hausse du sentiment de bonheur

En outre, des recherches montrent que les relations avec la nature peuvent aider à retrouver des rythmes physiologiques « normaux », souvent perturbés dans les moments de dépression et d’anxiété (insomnies, manque ou excès d’appétit…). Par exemple, elles favorisent le sommeil, grâce à l’exposition à la lumière naturelle.

Au Japon, des thérapies « bains de forêt » (shinrin-yoku) sont d’ailleurs reconnues par les autorités sanitaires et frequemment prescrites pour lutter contre le stress quotidien.

En résumé, allier « activité physique » et « bains de nature » est une stratégie simple, peu coûteuse et efficace pour améliorer ou maintenir son bien-être physique ET mental.

Enfin, rappelez-vous que « un peu est mieux que rien ». Même s’il est clair qu’il est très difficile de se bouger ou de sortir quand on se sent mal ou déprimé, dites-vous que c’est toujours le démarrage qui est le plus compliqué. Il est aussi possible de se faire accompagner par une personne de confiance ou un thérapeute.

« Si tu n’arrives pas à penser, marche ; si tu penses trop, marche ; si tu penses mal, marche encore ».

Jean GIONO

Bouger pour être plus attentif

Après avoir évoqué les effets positifs de l’exercice physique sur la mémoire chez l’adulte, voici un aperçu de ses bénéfices sur l’attention, et plus précisément dans le traitement du TDAH.

Le TDAH

Le diagnostic de TDA/H (trouble dysfonctionnel de l’attention avec ou sans hyperactivité) est généralement évoqué chez une personne quand elle présente les symptômes suivants depuis l’enfance et que cela a des conséquences négatives dans son quotidien :

  • Manque de contrôle de l’attention, de concentration
  • Grande distractibilité
  • Impulsivité (comportementale ou cognitive)
  • Agitation (motrice ou cognitive)
  • Difficultés d’organisation
  • Difficulté à réguler ses émotions

Pour plus d’informations sur ce trouble, je vous renvoie vers mon article sur le TDAH

Un trouble accentué par notre mode de vie ?

Bien qu’il y ait toujours eu des enfants beaucoup plus actifs et/ou moins attentifs que d’autres, on peut se demander si notre société actuelle ne favorise pas ce trouble et l’émergence de pseudo-TDAH.

D’une part, nous sommes constamment bombardés d’informations et de stimulations diverses, toujours plus distrayantes, via les écrans. Ainsi, beaucoup de personnes qui n’avaient pas de troubles de l’attention quand ils étaient plus jeunes se plaignent désormais de leurs capacités d’attention. Généralement, ces personnes passent trop de temps sur des applications comme Facebook, Twitter ou YouTube, conçues pour capturer un maximum notre attention le plus longtemps possible et stimuler le système cérébral de la récompense (système dopaminergique). Face à la tentation du Smartphone qui est toujours à nos côtés, se concentrer sur une tâche moins stimulante ou exigeante est beaucoup plus difficile. Pour ceux qui souffrent d’un véritable TDAH, c’est encore plus compliqué de résister à ce type de distractions quand il faudrait travailler ou étudier, en raison de leurs faiblesses fréquentes dans les fonctions exécutives (inhibition, planification, mémoire de travail…).

D’autre part, notre société est de plus en plus sédentaire. Beaucoup de jeunes ne se défoulent pas assez: ils sont conduits à l’école en voiture pour ensuite rester une bonne partie de la journée assis. Une fois à la maison, il y a les devoirs, puis très souvent les écrans. Les jeunes marchent et jouent de moins en moins à l’extérieur. Certains ont l’opportunité de pratiquer un sport, mais cette bonne habitude n’est pas toujours poursuivie à l’adolescence. Pour beaucoup d’enfants et d’adolescents, on est donc bien loin des 60 minutes d’activité physique quotidiennes recommandées. Des études montrent d’ailleurs que la capacité cardio-vasculaire des jeunes a diminué de 25% en 40 ans… Ainsi, en 1971, un collégien courait 600 mètres en 3 minutes, en 2013 pour cette même distance, il lui en faut 4. Or, comme nous allons le voir, cette sédentarité est délétère pour notre cerveau, et notre concentration, en particulier.

Mais pourquoi bouger serait-il bénéfique pour l’attention?

Effets de l’activité physique sur l’attention

Une étude de 2017 a passé en revue la littérature scientifique portant sur cette question. Il en ressort qu’immédiatement après une séance d’exercice cardio (course à pied, vélo, dance…), des effets bénéfiques sont observés chez des enfants TDAH. Plus précisément, on observe une amélioration des fonctions cognitives suivantes :

  • la capacité d’inhibition
  • le contrôle cognitif
  • l’attention sélective
  • la flexibilité
  • la vitesse de traitement
  • la vigilance.

Or, c’est justement ces fonctions cognitives qui sont généralement déficitaires ou plus faibles chez les enfants TDAH.

Les études ont même montré que l’amélioration temporaire de ces fonctions peut conduire à l’augmentation de certaines performances scolaires (juste après l’activité physique), notamment en compréhension à la lecture ou en arithmétique (domaines dans lesquels l’attention est très impliquée). Dans plusieurs études, parents et enseignants rapportent également une amélioration de certains comportements perturbateurs.

L’exercice cardio régulier aurait aussi des effets plus persistants sur la cognition. Plusieurs études ont, en effet, mis en évidence une amélioration à long terme de l’attention soutenue, l’attention sélective, la flexibilité, la planification, l’inhibition, la mémoire de travail verbale, la vitesse de traitement ou encore la coordination motrice chez des enfants avec TDAH.

En conclusion, que ce soit à court ou à plus long terme, l’activité physique comporte des bénéfices qui sont particulièrement intéressants pour les personnes TDAH.

Comment expliquer ces effets ?

En fait, l’exercice physique suffisamment intense et d’une certaine durée améliorerait le fonctionnement cognitif et comportemental des enfants avec TDAH en agissant sur le développement et la croissance des neurones, ainsi que sur les neurotransmetteurs.

En particulier, l’exercice augmente le taux de catécholamines (un groupe de neurotransmetteurs dont font partie la dopamine et la noradrénaline) qui serait typiquement réduit dans certaines zones du cerveau des personnes TDAH. Ces neurotransmetteurs en question jouent un rôle clé, notamment, dans la régulation de l’attention, la vigilance, les émotions et la motivation.

Des médicaments comme le Méthylephénidate, prescrit aux personnes avec TDAH, ont d’ailleurs un effet sur le taux de dopamine en inhibant la recapture des catécholamines, et particulièrement de la dopamine, et stimulent leur libération depuis les neurones en amont. 

Autrement dit, l’exercice physique aurait des effets neurobiologiques à peu près similaires aux psychostimulants, en augmentant la disponibilité des catécholamines dans le cerveau. Mais à la différence des médicaments qui ont un effet temporaire, la pratique régulière d’une activité physique régulière pourrait avoir des effets durables sur le cerveau.

En conclusion, l’exercice physique régulier peut être une option à envisager dans la prise en charge du TDAH, particulièrement quand le traitement pharmaceutique veut être évité ou qu’il n’a pas les effets escomptés. Il est aussi vivement recommandé chez les personnes qui ne présentent pas de TDAH mais plutôt de l’anxiété ou un stress élevé, qui engendre aussi des difficultés attentionnelles.

Pour les enfants en particulier, il est primordial de repenser les habitudes de vie et de résister à la sédentarité de notre société actuelle. On peut notamment favoriser les activités physiques et le mouvement dans le quotidien :

  • Privilégier la marche ou le vélo pour les petits déplacements
  • Investir dans des jeux et activités en plein air (scout, trampoline, trottinette, panneau de basket, goal de foot…)
  • Utiliser un ballon type Swiss Ball comme siège ou permettre à l’enfant de travailler debout (ex: avec un tableau au mur),
  • Pratiquer un sport en club (min. 2 fois semaine)
  • Se promener davantage à pied, à vélo
  • Encourager des routines quotidiennes d’exercices à la maison : planches, pompes, squats…
  • Danser avec ses enfants

A l’heure actuelle, si on ne favorise pas le goût de l’activité physique dès le plus jeune âge et de bonnes habitudes de vie, il sera très compliqué à l’adolescence de décoller l’adolescent des écrans !

Catherine Demoulin

Mieux étudier (1) : le fonctionnement de la mémoire

Pour beaucoup d’étudiants, étudier consiste à relire ou recopier ses notes dans l’espoir de les mémoriser pour le lendemain. Cette stratégie classique s’avère pourtant très peu efficace.

Mieux étudier passe par une meilleure compréhension du fonctionnement de notre mémoire à long terme. Avant de découvrir quelques stratégies efficaces, voyons donc brièvement les trois grandes étapes obligatoires du processus de mémorisation.

Le fonctionnement de la mémoire

La mémoire peut être définie comme la fonction cognitive qui nous permet d’encoder, de stocker et de récupérer des informations.

  • L’encodage. La première étape est de capter les nouvelles informations dans notre cerveau, autrement dit de les y faire entrer. Cet encodage peut être superficiel ou profond. S’il est superficiel (parce qu’on est inattentif, par exemple), les informations ne seront maintenues que quelques secondes et puis disparaîtront. En revanche, si nous lisons ou écoutons un cours qui nous intéresse et pour lequel nous avons déjà des connaissances, les nouvelles infos feront l’objet d’un traitement plus profond et seront intégrées aux connaissances préexistentes. Un encodage riche et profond aura donc un effet positif sur la formation d’une trace mnésique durable. Mais ce n’est que la première étape..
  • Le stockage et la consolidation. Les nouvelles informations encodées peuvent être stockées durablement si elles sont traitées en profondeur mais également, si elles sont utilisées régulièrement. En effet, pour consolider ses apprentissages, il faut réactiver plusieurs fois les connaissances récemment apprises…  Il faut également bien dormir, car c’est pendant le sommeil que le cerveau consolide et organise les souvenirs récents. Plusieurs courtes séances de révision espacées par des périodes de repos valent donc bien mieux qu’une longue séance de révision.
  • Le rappel/la récupération. Enfin, la dernière étape consiste à récupérer les connaissances stockées… quand on en a besoin. Certaines infos bien consolidées en mémoire peuvent être récupérées très rapidement et sans effort. D’autres sont plus difficiles à récupérer et nécessitent de mettre en place une stratégie de récupération. De nombreux exemples de la vie quotidienne illustrent un problème à ce niveau. Ainsi, c’est le cas lorsqu’on a un « mot sur le bout de la langue » ou qu’on ne revient plus sur le nom de la personne qui nous salue et qu’on connaît pourtant bien… Chez beaucoup d’étudiants en échec scolaire malgré leur impression de comprendre la matière, c’est cette étape qui n’a pas été assez entraînée et qui pose problème.

Dans un prochain article, nous verrons quelques stratégies permettant d’améliorer les processus mnésiques et dont l’efficacité a été démontrée par des recherches scientifiques.

Catherine Demoulin

 

Développer le goût de la lecture chez les jeunes 

Apprendre à lire demande beaucoup d’efforts, de pratique et une méthode adéquate d’enseignement. Mais devenir un lecteur, qui prend plaisir à lire, nécessite, non seulement de la pratique, mais aussi de bonnes attitudes parentales. Le rôle des parents pour construire les lecteurs passionnés de demain est, en effet, indispensable dans le monde actuel, comme nous allons le voir dans cet article.

Le constat : on lit de moins en moins chez les jeunes

Aujourd’hui, développer le goût de la lecture chez les jeunes, au point d’en faire un de leurs loisirs favoris, est loin d’être évident. Plusieurs études le montrent: le temps consacré à la lecture chez les jeunes comme chez les adultes baisse de plus en plus. En outre, le dernier rapport Pisa, publié en décembre 2016, montre que les performances en lecture des élèves francophones sont en-dessous de la moyenne des pays de l’OCDE.

La faute aux écrans? 

Dès leur plus jeune âge, les enfants d’aujourd’hui grandissent entourés d’écrans qui capturent leur attention toujours plus efficacement. Le temps passé derrière un écran augmente continuellement (pour les grands comme pour les petits)  au détriment d’activités sportives, artistiques, de promenades ou de lecture…  

Quand on a un peu de temps devant soi, il est désormais plus naturel de sortir le Smartphone que de décider de prendre un livre.  Lire demande davantage d’effort à notre cerveau que regarder défiler ce que le fil d’actualité de FaceBook ou de YouTube nous propose ou de jouer afin de gagner des récompenses dans un jeu…Evidemment on peut lit aussi via son Smartphone, mais ça reste souvent une lecture plus superficielle au niveau de l’attention.

Le rôle de la dopamine

Quand bien même la plupart des contenus proposés par des algorithmes ne sont pas toujours passionnants, notre cerveau (et plus précisément, le circuit de la récompense) nous pousse à scroller sans fin, à la recherche de surprises, de nouveautés qui constituent des récompenses immédiates pour le cerveau. Ce circuit, lié à la dopamine, est en effet stimulé par tout ce qui est nouveau et potentiellement source de plaisir pour nous…

Il y aura toujours un moment où en surfant sur Internet, on tombera sur quelque chose d’amusant ou d’intéressant..  Notre cerveau a donc associé les smartphones, tablettes et consoles à des « distributeurs de récompenses immédiates » et une bonne dose de dopamine est sécrétée dès que l’on peut y accéder (et c’est généralement le cas 24h/24). C’est pour cela que l’on se retrouve souvent à surfer sur son Smartphone, sans un objectif bien précis, mais plutôt comme un pilote automatique, guidé par le « circuit de la récompense » qui est aussi celui à l’origine de nos addictions.

Mais comment, dans le contexte actuel, faire en sorte que les enfants prennent plaisir à lire et songent à se plonger dans un livre quand ils en ont l’occasion ?

Le rituel de l’histoire du soir dès le plus jeune âge

L’amour des livres se développe tôt. Si les premiers contacts avec la lecture et les livres se fait à l’école, lorsqu’il faut apprendre à lire, les livres risquent d’être associés à la scolarité et pas au plaisir.

Il est donc important de proposer des livres et de lire avec son enfant dès son plus jeune âge. Rien de tel pour cela que la lecture du soir.  Prendre le temps de partager un moment de lecture plein de tendresse avec son enfant, et ce dès ses premières années, est une façon d’associer durablement les livres (et la lecture) à des émotions positives. En outre, l’histoire du soir a le don de calmer les enfants, comme les parents. Une bonne dose d’ocytocine (l’hormone de l’attachement) et de dopamine avant de s’endormir rend vite les enfants accros à ces moments partagés, et c’est tant mieux. 

Si le coucher est associé à la lecture dès le plus jeune âge, il sera nettement plus évident pour un ado de prendre un livre pour trouver le sommeil, plutôt que de surfer sur son smartphone (ce qui est actuellement une mauvaise habitude prises par de nombreux ados que nous rencontrons en consultations). 

Image du film « Boyhood »

Un temps consacré à la lecture 

Si l’on veut que ses enfants passent davantage avec un livre en mains au lieu d’une tablette ou d’un joystick, il faut aussi montrer l’exemple et lire régulièrement (et pas  seulement derrière un écran). Pour les jeunes enfants, les parents sont le premier exemple à suivre. Si notre enfant nous voit régulièrement un livre en main et qu’il a, lui aussi, à portée de main, de chouettes livres, il y a de fortes chances qu’il en fasse de même. Laisser trainer des livres susceptibles de plaire à son enfant, bien en vue sur la table du salon et dans sa chambre… est un bon moyen d’attiser sa curiosité. Dès qu’il ne saura pas à quoi jouer ou qu’il s’ennuiera, il en piochera un et le lira… pour autant qu’il n’ait rien de plus stimulant comme alternative…

Il est aussi crucial de mette des limites de temps dans l’usage des distractions trop stimulantes, de les écarter pour éviter la tentation et de planifier du temps pour d’autres types d’activités (lecture, art, balades, sport…)

Le droit de choisir leurs lectures

Si votre enfant ne jure que par les BD Picsou, les mangas, les BD Game Over et refuse de s’attaquer aux livres que vous estimez de qualité (« A ton âge, je lisais Jules Verne ! »), peu importe ! Le principal est que l’habitude de prendre un livre pour le plaisir s’installe  : il consacre un moment de son temps à la lecture et y prend du plaisir. Si votre enfant est passionné par un sujet particulier (les Romains, les guerres, les chevaux, les dinosaures, le foot, Minecraft, la danse…), foncez chez votre libraire lui trouver des bouquins sur le sujet… Il y a aujourd’hui, des livres ou des BD sur tous les sujets possibles. 

 

 

Des bénéfices incontestables pour le développement du langage et des émotions

De nombreuses études ont montré que les enfants qui démarraient l’école primaire avec des connaissances liées à la « littéracie » (familiarité avec les lettres, familiarité avec les récits et avec le vocabulaire spécifique aux histoires, etc.) avaient nettement plus de facilités à apprendre à lire. Les enfants à qui on lit régulièrement des histoires ont également un vocabulaire bien plus développé que les enfants qui ne bénéficie pas d’accès aux livres.  La lecture de livres à son enfant est un des meilleurs moyens de développer son langage. 

Il en va de même pour les émotions. La plupart des livres d’enfants traitent des émotions et mettent des mots sur celles-ci. Au fil des lectures, l’enfant est familiarisé avec les émotions de base, comme la colère, la tristesse, la joie,…  il apprend à les reconnaître, les identifier, mettre un nom dessus. C’est une première étape cruciale dans le développement affectif de l’enfant. 

En conclusion, il n’y a que des bénéfices à lire avec son enfant dès son plus jeune âge. Tous les moments lecture permettront de tracer des chemins dans son cerveau, associant les livres à des sources de plaisir, de découvertes et de connaissances. Ce qui devrait faciliter l’envie de se plonger dans un livre par lui-même, plus tard.

« Il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré. »

Marcel Proust, Sur la lecture.

Des livres pour apprendre

Une des premières étapes dans les apprentissages scolaires, est la compréhension.

Comprendre, c’est relier les nouvelles informations que l’on reçoit avec d’autres que l’on a déjà en tête. Plus on a de connaissances sur un sujet, plus ce sera facile d’assimiler de nouvelles informations sur ce sujet et de les comprendre. Dans la plupart des apprentissages scolaires, il est donc bénéfique d’avoir quelques connaissances de base sur ce que l’on va avoir à apprendre. Cela permet d’avoir aussi une vision globale, une vue d’ensemble de ce que l’on va apprendre et du contexte dans lequel cela s’inscrit.

Découvrir par soi-même un sujet, à son rythme et de la manière qui nous convient le mieux, est généralement plus motivant que de dépendre entièrement d’un cours et d’un enseignant. On peut choisir de s’instruire via des documentaires, vidéo, films, et bien sûr via des lectures.

Comme je suis avant tout passionnée de livres, voici une série de bouquins dans des domaines variés, que je trouve très intéressants et agréables. Riches en images, ils sont accessibles à ceux qui ont des difficultés en lecture ou qui n’aiment pas lire.

Si vous connaissez des pépites dans le même style, n’hésitez pas à me les faire découvrir !

Mieux comprendre l’histoire :

                            

       

Mieux comprendre les sciences :

   

     

 Domaines divers :

          

  

Mieux apprendre avec le sketchnoting

Qu’est-ce que le sketchnoting ?

Le sketchnoting est une manière de prendre des notes et d’organiser des informations de manière créative, en général sur une seule page. Il s’agit d’une prise de note dynamique basée sur le visuel.

A quoi ça sert ?

Réaliser un sketchnote, implique d’abord un travail de compréhension de l’information (présentée dans un cours, un exposé, une conférence) et d’identification des points clés. Autrement dit, le sketchnoting nous pousse à traiter les informations en profondeur tout en nous centrant sur l’essentiel car nous devons tout représenter sur une seule page. Il nécessite d’organiser les informations, de saisir les liens entre les éléments, les relations de cause à effet… et de les synthétiser.

Mais la spécificité du sketchnoting est qu’il implique une transformation de certains concepts verbaux en une forme visuelle. Ce double codage des informations dans notre cerveau permet d’encoder les informations de manière plus efficace, et donc d’apprendre plus efficacement.

Enfin, réaliser un sketchnoting est bien plus amusant que la prise de notes traditionnelle ! Cet outil peut faire renaître chez certains le plaisir d’apprendre.

Tous ces éléments font du sketchnoting un outil très intéressant pour améliorer sa manière d’apprendre.

Pas mon truc ?

Si vous pensez que vous n’êtes pas doué en dessin, cela n’a pas d’importance: le but n’est pas de faire une œuvre d’art mais bien d’améliorer la compréhension et l’apprentissage d’un sujet. En débutant, inspirez-vous des modèles disponibles sur le web ou dans des bouquins, comme celui-ci :

Envie d’essayer ?

Il existe de chouettes bouquins pour s’initier au sketchnoting. Des exemples regorgent aussi sur le web. A vos feutres !

  • Verbal To Visual : site Web et super videos sur verbaltovisual.com
  • Apprendre avec le Sketchnoting (Editions Eyrolles)

Le haut potentiel d’un point de vue scientifique

Le « HP » est à la mode. Beaucoup d’informations, parfois non fondées, circulent dans les média. Mais qu’en disent les données issues des recherches scientifiques ?

Qu’est-ce que le haut potentiel intellectuel ?

Sur base des recherches actuelles, on peut dire qu’une personne à haut potentiel intellectuel (HP) se caractérise par des aptitudes très élevées (c’est-à-dire qui se distinguent significativement de la norme) dans un ou plusieurs domaine(s) intellectuel(s).

Concrètement, quand le contexte est favorable, le haut potentiel intellectuel s’observe par une rapidité et une facilité d’apprentissage dans les domaines concernés. Autrement dit, les personnes avec HP apprennent plus rapidement et plus aisément que la plupart de leurs pairs, dans leur(s) domaine(s) de prédilection. Elles mettent aussi plus facilement en lien les nouveaux acquis avec leurs connaissances antérieures. En outre, avoir de très bonnes ressources intellectuelles permet généralement de trouver des solutions efficaces à différents problèmes, plus facilement.

Cependant, des facteurs (environnementaux, psychologiques, neurologiques…) peuvent parfois influencer négativement l’actualisation des aptitudes intellectuelles et les hautes capacités ne sont alors pas développées ou exploitées (Brasseur & Cuche, 2017). 

Mais comment identifie-t-on objectivement un haut potentiel intellectuel ?

L’évaluation des capacités intellectuelles

L’intelligence est un concept extrêmement complexe qui n’est certainement pas unidimentionnel. Elle est donc difficilement mesurable. Les tests psychométriques ne mesurent pas avec précision l’intelligence, mais, bien utilisés par un psychologue compétent, ils apportent des informations précieuses sur le fonctionnement cognitif d’une personne à un moment donné, dans certains domaines cognitifs et pour certains types de contenus. Ces informations quantitatives s’ajoutent à celles, plus qualitatives,  récoltées lors de l’ entretien clinique et suite aux observations durant l’évaluation.

Le but d’un bilan intellectuel ne devrait certainement pas être d’étiqueter une personne avec un score de QI mais bien d’avoir un aperçu objectif de ses forces et faiblesses dans certains domaines.

Les échelles d’intelligence de Wechsler (actuellement, WISC-V pour les enfants, WAIS-IV pour les adultes) sont les tests les plus utilisés pour estimer le fonctionnement intellectuel. Concrètement, elles sont composées de plusieurs épreuves évaluant spécifiquement différents domaines.

Ainsi, dans la WISC-V, les cinq domaines sont : la compréhension verbale, le raisonnement non-verbal, le traitement visuo-spatial, la vitesse de traitement et la mémoire de travail.

Dans ce type de tests, les performances d’une personne sont comparées à celles d’un large groupe de personnes du même âge. Plus précisément, pour chaque subtest, la note brute obtenue est ramenée à une note standard (NS), ce qui permet une lecture des performances de la personne au regard d’une distribution normale centrée réduite (courbe de Gauss). Ce procédé rend les notes comparables entre elles, du point de vue de leur distance avec la moyenne obtenue par la population de référence.

Pour chaque épreuvre, la moyenne des NS est de 10 et l’écart type de 3 points. Autrement dit, si on obtient une note de 10 à un subtest, par exemple, c’est considéré comme tout à fait dans la norme (la majorité des personnes de notre âge obtiennent un NS similaire).

Ensuite, pour chaque domaine, une note composite appelée « Indice » est calculée (dans le WISC-V, il y a donc 5 Indices pour chacun des 5 domaines). Ces Indices permettent de situer les performances de la personne par rapport à une moyenne de 100 dans un domaine particulier. Une note de 100 représente la performance moyenne des personnes de l’échantillon et l’écart-type est de 15. Environ 50 % des personnes de la population d’échantillonnage ont une note composite se situant entre 90 et 110 et environ 68%, une note composite entre 85 et 115.

Si les Indices de la personne testée s’avèrent relativement homogènes (càd s’ils ne diffèrent pas significativement les uns des autres d’un point de vue statistique), le QI peut être considéré comme une estimation valide de l’aptitude intellectuelle globale au moment de l’évaluation. Par contre, s’il y a de grandes différences entre des Indices,  le profil est alors dit hétérogène. Le QI n’a pas alors pas beaucoup de pertinence car il ne constitue pas une bonne synthèse du profil et il vaut mieux se concentrer sur chaque Indice.

Quand parler de Haut potentiel ?

Pour parler d’un profil général HP, on s’accorde généralement pour dire que le QI doit s’écarter significativement de la norme (à plus de 2 écart-types). Le seuil de 130 est donc généralement celui à partir duquel on parle de haut potentiel (il correspond à environ 2,2 % de personnes), mais le seuil de 125 est parfois choisi.

Cependant, il faut toujours avoir en tête que ces seuils restent arbitraires et que l’intelligence est une variable continue (non catégorielle). De plus, toute mesure comporte un risque d’erreur. Pour toutes ces raisons, il est judicieux de tenir compte de l’intervalle de confiance (dans lequel le score réel a 95% de chance de se trouver) et bien sûr, des facteurs qui ont pu influencer les performances.

Ainsi, une personne peut sous-performer aux tests pour diverses raisons: stress, manque de motivation, environnement défavorisé, fatigue, lenteur, dépression, trouble de l’attention, du langage ou des fonctions visuo-spatiales ou encore du fait qu’elle n’a pas été testée dans sa langue maternelle. Autant de facteurs qui peuvent entraver les capacités réelles. Une personne peut aussi sur-performer si elle a déjà passé les mêmes épreuves recemment ou si elle s’y est entraînée. Enfin, il peut aussi avoir une légère variabilité selon le psychologue qui fait passer le bilan.

Etant donné que divers facteurs peuvent donc entâcher les scores, les résultats quantitatifs d’un bilan intellectuel doivent toujours être accompagnés des observations, analyses et commentaires d’un psychologue (évaluation qualitative). 

Haut potentiel ou zone(s) de haute potentialité ?

Mais quid d’un profil intellectuel hétérogène ? Comment qualifier le profil d’une personne qui a réalisé des performances exceptionnelles dans un domaine particulier alors que ses performances dans les autres domaines sont moyennes et que le QI est en-dessous du seuil du HP ?

Il est en fait assez fréquent de rencontrer des profils hétérogènes dans le HP. Comme souligné plus haut, quand les différences entres certains indices sont statistiquement significatives, le QI a peu de sens et il est beaucoup plus intéressant de considérer chacun des indices.

Brasseur, Cuche et Goldschmidt (2007) ont proposé, dans ces cas, de parler de zone ou sphère de haute potentialité.

Ainsi, voyons le cas d’un enfant au profil intellectuel très hétérogène :

Arthur, 8 ans

Voici ses résultats obtenus avec le WISC-IV (entre parenthèses, figure l’intervalle de confiance):

  • Indice de compréhension verbale = 132 (120-137)
  • Indice de raisonnement perceptif = 133 (119-137)
  • Indice de mémoire de travail = 103 (94-112)
  • Indice de vitesse de traitement = 86 (78-98)
  • QI total = 122 (114-127)

Si on conclut qu’Arthur « n’a pas de haut potentiel » (parce que son QI est de 122), on occulte complètement ses aptitudes très élevées dans les domaines verbal et non-verbal. Mais si on conclut simplement qu’ « Arthur est haut potentiel », cela occulte ses capacités moyennes en mémoire de travail et en vitesse de traitement.

Selon la psychologue Isabelle Goldschmidt, il est dans ce cas intéressant de parler de:

  • Zones de haute potentialité dans le domaine verbal et en raisonnement perceptif;
  • Faiblesses relatives en mémoire de travail et en vitesse de traitement. Faiblesses relatives dans le sens où ses capacités restent dans la norme (et donc ne sont pas déficitaires per se) mais sont beaucoup plus faibles par rapport à ses autres capacités, et donc peuvent consitituer une faiblesse dans son profil.

Ce cas n’a rien d’exceptionnel. Il est même très fréquent dans les profils à HP que la  vitesse de traitement soit plus faible que les autres indices (pour en savoir plus sur les raisons qui peuvent expliquer cela, voir l’article récent de Labouret et Grégoire, 2018). On peut aussi avoir un profil où le domaine de raisonnement verbal est extrêmement élevé alors que le raisonnement non verbal est dans la norme (ou inversement).

Des faiblesses en mémoire de travail et/ou vitesse de traitement peuvent aussi être dues à des difficultés d’attention et/ou des fonctions exécutives (qu’il faudra alors investiguer).

Un décalage important entre différents domaines intellectuels entraîne des facilités dans les cours impliquant le domaine de prédilection et davantage d’efforts à fournir dans les domaines où les aptitudes sont dans la moyenne. Chez certaines personnes, cette sensation de décalage peut être déstabilisante. Elles peuvent se sentir « nulles » dans le domaine où elles sont moins douées, éviter de s’y investir et/ou développer des fausses croyances sur leurs capacités intellectuelles générales.

Quid des autres types d’intelligences ?

Il est clair que les échelles d’intelligence validées et utilisées dans la pratique (WISC et WAIS) ne ciblent que certains domaines intellectuels. En l’occurrence, ceux qui sont fortement impliqués à l’école: l’intelligence logico-mathématique, visuo-spatiale et  linguistique. La mémoire de travail est aussi évaluée parce que cette capacité cognitive est fortement impliquée, notamment, dans le raisonnement (pour aller plus loin, voir ici).

Or, de toute évidence, il existe des personnes qui démontrent des aptitudes exceptionnelles dans d’autres domaines, comme la musique, la mécanique, le sport ou encore les relations interpersonnelles. Ce qui laisse penser qu’il existerait d’autres formes d’intelligences que celles classiquement testées.

Howard Gardner a beaucoup écrit à ce sujet (cfr. les intelligences multiples de Gardner) et a proposé des questionnaires supposés évaluer différents types d’ « intelligences » via des questions sur les compétences et les goûts d’une personne dans différents domaines. Cependant, ces questionnaires ne sont pas validés scientifiquement et restent très subjectifs (pour une critique intéressante, voir Larivé et Sénéchal, 2012). Ils peuvent être intéressants pour réfléchir à ses talents, à ses compétences, ou pour renforcer l’estime de soi d’un enfant mais ils ne sont en rien comparables aux échelles de Wechsler.

Y a-t-il des caractéristiques spécifiques au haut potentiel ?

On entend souvent dire que le HP se caractérise par une hypersensibilité, une façon de  penser qui serait qualitativement distincte de celle des non-HP, de l’anxiété, un perfectionnisme, etc.

Cependant, contrairement à ce qu’on peut lire sur de nombreux sites grand public, les recherches n’ont pas mis en évidence de manière catégorique des caractéristiques spécifiques au haut potentiel, hormis bien sûr… les hautes capacités intellectuelles (Brasseur et Cuche, 2017).

Il existe bien des caractéristiques positivement corrélées au QI, comme l’ouverture d’esprit (qui se marque par une grande curiosité intellectuelle, une flexibilité d’esprit, une ouverture aux idées nouvelles, une tolérance à la diversité…) et la créativité , mais en aucun cas, ces traits, à eux seuls, ne permettent de détecter le potentiel intellectuel. Ces qualités sont (heureusement) présentes chez bon nombre de personnes ayant des capacités moins exceptionnelles (pour plus d’infos basées sur la recherche, voir l’excellent ouvrage de Nicolas Gauvrit ici).

Certains professionnels affirment aussi sur base de leur expérience clinique que le HP se caractérise par des caractéristiques comme l’ hypersensibilité, sentiment d’injustice exacerbé, anxiété, perfectionnisme, humour décalé… parce qu’ils sont confrontés à beaucoup de patients présentant ces caractéristiques. Cela ne signifie pas pour autant que toutes les personnes avec un HP présentent ces caractéritiques ! Si on se penche sur les recherches qui ont porté sur de grands groupes d’enfants (recrutés aléatoirement dans des écoles et pas dans des cabinets psy ou des associations de HP), il n’y a, à ce jour, pas de preuves scientifiques démontrant que le HP s’accompagne plus fréquemment de ces caractéristiques. Sur le plan clinique, toutes ces caractéristiques sont évidemment importantes à prendre en compte pour mieux comprendre la personne, mais elles ne peuvent en aucun cas être considérées comme des critères pour qualifier une personne de « HP », comme on peut le lire parfois. Autrement dit, ce n’est pas parce qu’un enfant est malin, hypersensible, sensible à la justice, perfectionniste, mal adapté à l’école etc. qu’il est HP.

Dans le pire des cas, l’étiquette HP est posée sur un enfant sur la base unique de critères qualitatifs, sans identification sérieuse et parfois au détriment de l’identification d’autres troubles (anxiété,  TDAH, dyspraxie…) et l’enfant ne reçoit pas le soutien adapté. C’est malheureusement ce qui est pratiqué par certaines personnes (voir un exemple frappant dans le reportage, vers la onzième minute, de la RTBF ici).

Par ailleurs, même si on ne prend que les critères intellectuels, on ne peut pas dire qu’il existe un « fonctionnement HP » type (ex: raisonnement global plutôt que séquentiel etc.). En effet, il peut y avoir de multiples profils intellectuels. Affirmer que les « HP » sont comme ci ou comme cela, n’a aucun sens puisqu’il ne s’agit pas d’une maladie ou d’un trouble du développement comme l’autisme, par exemple.

Source de difficultés?

Il existe actuellement une tendance à pathologiser le HP dans les médias, les livres grand public ou même dans les écoles. Or, les recherches scientifiques bien conçues ne mettent pas en évidence davantage de troubles (comme l’anxiété ou la dépression) chez les personnes avec HP (voir Gauvrit, 2017).

Comme souligné plus haut, c’est le contexte dans lequel s’inscrivent les hautes capacités intellectuelles qu’il est essentiel de prendre en compte pour comprendre les difficultés d’une personne. De manière générale, le bien-être d’une personne dépend fortement de l’environnement dans lequel elle évolue, des opportunités qu’elle a de se réaliser et de ses autres caractéristiques personnelles (ex: habiletés sociales, gestion des émotions, personnalité, capacités attentionnelles, motivation, persévérence…). Quand une personne vit des difficultés, les causes peuvent être en lien avec ses hautes capacités intellectuelles… mais pas forcément.

Parfois des capacités qui s’écartent fortement de la norme peuvent parfois  à des difficultés d’adaptation scolaire ou professionnelle. Ainsi, un enfant extrêmement doué dans un ou plusieurs domaines scolaires peut s’ennuyer en classe et perdre sa motivation s’il ne reçoit pas de défis intellectuels adaptés à ses aptitudes. A l’adolescence, certains, malgré leurs grandes facilités pour apprendre, se retrouvent en échec. Une des raisons peut être liée au fait que ces jeunes ont appris sans jamais devoir travailler (notamment à l’école primaire) et n’ont donc pas encore développé de stratégies particulières pour apprendre. Ils peuvent aussi avoir intégré la fausse croyance selon laquelle on peut réussir sans travailler quand on est intelligent. Or, de façon intéressante, des études ont montré que les jeunes à haut potentiel qui ont cette croyance ont tendance à être plus souvent en échec (voir Brasseur & Cuche, 2017). En effet, à partir d’un certain stade de la scolarité, l’intelligence seule ne suffit pas pour réussir. Il faut aussi avoir développé d’autres compétences comme la persévérance, l’autocontrôle, la planification, l’organisation, la gestion des émotions et de la motivation…

Pour conclure, rappelons encore une fois que tous ces exemples de difficultés ne sont pas spécifiques aux personnes à haut potentiel et peuvent se rencontrer chez bon nombre de jeunes. Rappelons également que le HP n’a rien d’une pathologie et que de nombreuses personnes ayant manifestement de hautes capacités intellectuelles se portent bien. En cas de difficultés, il est essentiel d’investiguer les autres causes possibles des difficultés et de prendre en compte toute la singularité de la personne.

Catherine Demoulin

Pour aller plus loin :

L’art de moins procrastiner

« Si vous voulez qu’un travail facile ait l’air difficile, remettez-le sans cesse à plus tard. »

Olin Miller

Procrastiner, c’est remettre au lendemain ce que l’on devrait (et pourrait) faire le jour même. 

« Je le ferai plus tard », « Il n’y a rien qui presse », « Je surfe 5 minutes sur le Web, puis je m’y mettrai »

Ces phrases vous sont-elles familières ? Trouvez-vous toujours mille autres activités à faire quand c’est le moment de vous acquitter d’une tâche urgente ou importante? Cela peut se manifester dans les études ou le travail, les tâches de la vie quotidienne, les projets ou encore dans les prises de décision. Si oui, cet article peut vous aider, car, à la longue, la procrastination peut mener à de multiples problèmes :

  • Génère un stress ou aggrave un stress existant
  • Génère un sentiment de dévalorisation
  • Détériore la qualité des relations 
  • Engendre des difficultés financières (ex : factures non payées) et de santé (ex : RV médical non pris à temps)
  • Travail fait à la dernière minute et bâclé

Pourquoi est-ce que je procrastine ?

Tout d’abord, il s’agit d’un comportement, non d’une maladie. Plus précisément, un comportement qui est entretenu par des schémas de pensées inappropriés. La répétition d’un même comportement devient une habitude de fonctionner dont il est difficile de se défaire. Il est cependant toujours possible d’apprendre à se comporter autrement.

1-La recherche du plaisir et l’évitement de l’inconfort

La procrastination peut être une stratégie pour échapper à la frustration générée par une tâche ennuyeuse ou jugée trop contraignante. Reporter une tâche déplaisante ou fatigante (réviser, faire de l’exercice, travailler) au profit d’une activité plus plaisante ou moins fatigante (regarder une série, jouer à un jeu vidéo, aller sur Facebook) va permettre d’éviter et d’évacuer provisoirement la frustration. 

2-Le besoin de stimulation

Certaines personnes, surtout celles qui présentent un TDAH, ont besoin de plus de stimulation que les autres pour fonctionner correctement. Le circuit de la récompense (ou circuit dopaminergique) a besoin d’être fortement stimulé pour que les fonctions exécutives soient efficaces et que la motivation soit au rendez-vous. Certaines personnes peuvent donc préférer travailler dans l’urgence. Toutefois, même si l’adrénaline provoquée par l’urgence est perçue positivement par la personne, il n’en reste pas moins un stress, mettant l’organisme à rude épreuve et pouvant conduire à des situations d’épuisement si ce comportement devient chronique.

3-La peur d’échouer et l’auto-handicap

Certaines personnes procrastinent plutôt à cause de leur anxiété et/ou de leur manque de confiance en leurs capacités. Elles redoutent tellement de mal faire leur travail ou d’échouer qu’elles reportent à plus tard. En faisant le travail à la dernière minute, elles peuvent trouver une justification en cas d’échec ou de critiques. Cela peut être une manière de protéger son estime de soi en évitant de tester ses capacités réelles (« Si j’y avais mis plus de temps, j’aurais certainement mieux réussi ! »).

Le faible espoir de succès conduit donc à la procrastination. D’où l’importance de se fixer des objectifs à sa portée et de se donner les moyens pour réussir. 

4-Le perfectionnisme

Le perfectionnisme peut aussi entraîner des comportements de procrastination, surtout s’il s’accompagne de croyances de type « tout ou rien »: « Mon travail ne vaut rien s’il n’est pas exceptionnel ». En effet, la volonté d’effectuer une tâche parfaite peut générer un état de sidération empêchant le démarrage de l’activité. L’autocritique est généralement excessive et paralyse l’individu. Les erreurs sont vécues comme un échec. La procrastination liée à un perfectionnisme excessif peut être aussi un mécanisme de protection d’une estime de soi fragile (voir ci-dessus).

5-Le manque de clarté par rapport à la tâche à accomplir

Certaines personnes ont plein d’idées, de projets, d’objectifs grandioses. Elles commenceraient bien… Le problème, c’est qu’elles ne savent pas du tout par où commencer car rien n’est défini, rien n’est clair. Le cerveau est dans le flou, donc difficile d’avancer…

Et vous, pourquoi procrastinez-vous? Si vous souhaitez modifier vos habitudes, il est important de prendre le temps d’identifier les raisons qui vous poussent à reporter à plus tard.

Quelques petites stratégies

1 – L’importance de l’action (ou du premier pas) 

Dans tout travail, le plus dur est généralement de commencer, de se lancer… Surtout si le travail à fournir semble au-dessus de nos forces ou capacités. Dans ce cas-là, l’étendue du travail et la peur d’échouer, nous rend anxieux et on peut avoir tendance à tout faire pour éviter de s’y confronter (consciemment ou inconsciemment). Sachez cependant que l’anxiété ou le stress diminue généralement avec l’action. Donc même si la motivation n’est pas au rendez-vous, ne vous laissez pas le choix, n’écoutez pas vos excuses (vous en trouverez des tonnes de toute façon) et forcez-vous seulement à commencez la tâche, à faire juste un petit pas. Le but est de créer un mouvement qui vous sortira de votre apathie face au travail…

2 – Juste 10 minutes 

Si le premier pas vous semble immense, presque impossible, dites-vous que c’est juste l’histoire de travailler 10 minutes. Vous pouvez vous convaincre que  c’est juste l’histoire de le faire 10 minutes. Après ce court laps de temps de travail, vous refaites le point: soit vous faites une pause, soit vous continuez sur votre lancée (En général, une fois lancé, on se sent capable de prolonger).

3 – Planifiez de petites étapes/actions

Vous voudriez bien commencer mais ne savez pas par où ? Dans ce cas, découpez votre projet en étapes/actions. Faites un plan et notez les actions à réaliser pour atteindre votre objectif. Votre cerveau sera plus motivé à les traiter si elles sont clairement définies et courtes. Fixez un jour et une heure dans votre agenda pour vous y consacrer, mais commencer la première maintenant. Après chaque étape/mission réussie, barrez-la de la liste avec fierté; il y a fort à parier que votre circuit de la récompense y trouvera son compte et vous stimulera à avancer.

A noter qu’il n’est pas vraiment important de coller au plan à 100%, comme le disait Winston Churchill : « Ceux qui planifient réussissent mieux que ceux qui ne le font pas, même s’ils s’en tiennent rarement à leur plan ». L’idée est surtout d’y voir plus clair et de rendre le travail plus digeste.

4 – Fixer-vous des dates limites (deadlines) pour atteindre vos objectifs

Ceux qui ont tendance à procrastiner connaissent très bien ce moment où l’on se rapproche de l’échéance et que le stress commence à monter. Ce stress nous pousse à agir vite et à boucler enfin ce qu’on tardait à faire… Mais pour de nombreuses choses, personne n’est là pour nous mettre de « deadlines » et notre procrastination peut-être sans limite… Alors, si, par exemple, vous rêvez d’écrire un livre (ou tout autre projet difficile et à long terme), un conseil peut-être de vous fixer vous-même des échéances pour chacune des étapes (ex: rédiger le chapitre 1 pour le 31 octobre).

Enfin, si malgré ces conseils, vous ne parvenez pas à maîtriser votre procrastination et qu’elle vous pose des problèmes, il est recommandé de vous faire accompagner par un psychothérapeute.

Enfin, je ne peux que vous recommander l’essai du philosophe américain John Perry « La procrastination. L’art de reporter eu lendemain », qui traite de la procrastination… structurée 🙂  

A voir aussi la présentation TED très amusante de Tim Urban.

C. Demoulin

Des livres pour grandir : coups de coeur pour les 5-7 ans

Parce que lire des histoires à son enfant est une des meilleures façons de lui donner le goût de la lecture et de partager un moment tendre et calme avec lui, voici une sélection de quelques-uns de mes coups de cœur en littérature jeunesse pour les 5-7 ans (tous édités par L’école des loisirs):

Aider son enfant à surmonter son anxiété

Qu’est-ce que l’anxiété ?

L’anxiété peut se définir comme l’anticipation craintive d’un danger ou d’un malheur. Elle s’accompagne de différents symptômes, tels que des tensions musculaires, des perturbations du sommeil, une irritabilité, des difficultés de concentration, des maux de ventre… . Elle peut même aboutir à des crises de panique quand elle est trop forte (difficultés pour respirer, nausées, douleurs dans la poitrine…).

Une certaine dose d’anxiété est normale et nous aide à focaliser notre attention sur une situation importante, à nous y préparer et à mettre en place des stratégies (par exemple, un peu d’anxiété par rapport à un examen, nous pousse à nous y préparer et à ne pas le prendre à la légère). De même qu’un peu de stress est positif car il nous stimule (ex: les sportifs sont généralement plus performants en compétition, qu’à l’entraînement, car il y a un enjeu et du public.

Mais quand l’anxiété se manifeste de façon persistante, sans raison valable et qu’elle devient envahissante (ex: le sportif qui se sent paralysé par l’anxiété en compétition), on peut la qualifier de pathologique. C’est le cas également quand on en vient à éviter systématiquement les situations anxiogènes (ex: ne plus oser s’exprimer devant les autres; changer de trottoir dès qu’on croise un chien; fuir les relations intimes). Trop d’anxiété peut aussi nous freiner dans la réalisation de nos objectifs.

Mais pourquoi certains d’entre nous réagissent-ils de manière exagérée devant des situations qui paraissent totalement sans danger pour d’autres ?

Trois grands types de réactions liées à la peur

L’anxiété est liée à une émotion de base: la peur. La peur est une émotion de base, un mécanisme d’adaptation de notre organisme face à un danger potentiel. Elle a permis à l’espèce humaine de survivre en milieu hostile pendant des millions d’années. Autrement dit, la peur est une émotion vitale pour les humains, comme pour les autres animaux. Sans la peur, nous nous mettrions dans des situations de danger en permanence, ainsi que nos proches.

Ainsi, face à une situation dont l’issue est incertaine (un énorme serpent, un individu menaçant ou une voiture surgit devant moi…), il est normal et salvateur de ressentir de la peur, car cette émotion va être accompagnée d’une série de réactions physiologiques qui vont préparer le corps à réagir immédiatement de trois manières différentes, selon les situations. Ces trois réactions naturelles face à un danger sont les suivantes:

  • Fuir : prendre ses jambes à son coup ou se cacher est parfois le meilleur moyen de sauver sa peau (ex: face à une tempête, une inondation, un individu qui ne nous veut visiblement pas du bien);
  • Se figer: dans certaines situations, il vaut mieux rester immobile et se faire discret et non agressif (ex: face à un animal sauvage; face à un individu qui nous menace si on bouge);
  • Combattre/faire face : si un de mes congénères me menace ou s’attaque physiquement à moi, j’ai parfois plutôt intérêt à me montrer agressif et à me défendre.

Fuir, se figer ou combattre sont donc trois grandes stratégies d’adaptation que notre organisme a développé, tout au long de l’évolution, pour faire face aux dangers. Ces réponses nous ont permis de survivre en milieu hostile pendant des millions d’années. Ces trois grandes réponses sont donc bien ancrées dans notre cerveau et notre corps. Nous sommes programmés à adopter des comportements de fuite, d’immobilisme ou de combat si nous percevons un danger (réel ou imaginé).

Les « dangers » et les réponses d’aujourd’hu

Aujourd’hui, dans la vie moderne, en temps de paix, les situations menaçantes immédiates sont plus rares et les dangers sont différents. On est nettement moins souvent « en danger de mort  » comme l’étaient nos ancêtres. Par conséquent, à notre époque, la peur dépend plus souvent de la manière dont on perçoit une situation.

Outre les peurs universelles (comme la mort, la maladie grave, la perte d’un proche…), un tel peut avoir terriblement peur des araignées, un autre des situations d’évaluation (examen, compétition, entretien), un autre des piqûres, un autre de perdre ses proches… Face à une même situation, certaines personnes perçoivent un danger, alors que d’autres perçoivent un défi.

Nous ne sommes plus tellement en face de danger immédiats, clairement identifiables, mais le plus souvent, dans une anticipation des dangers possibles (« Et s’il lui arrive qqch… », « Et si je rate », « Et si je perds mon emploi », « Et si je me ridiculise »… ). Dès que nous interprétons une situation comme potentiellement menaçante, la peur survient (plus ou moins intensément) et s’accompagne des mêmes mécanismes et symptômes physiologiques cités plus haut (notre corps se prépare à fuir, se figer ou combattre).

Les comportements que nous allons adopter seront donc des déclinaisons des trois grands types de réponses automatiques de notre organisme.

Ainsi, certaines personnes pour diminuer leur anxiété, peuvent éviter la situation, voire se mettre à boire, se divertir, se plonger intensivement dans une occupation, se goinfrer de sucreries,… pour éviter à tout prix (de penser à) la situation effrayante et se rassurer  (= comportements de fuite). Parfois, on subit la situation, on attend que ça passe, on se sent bloqué,  paralysé, résigné; comme l’étudiant tellement stressé lors d’un examen oral, qu’il n’arrive plus à s’exprimer (=comportements d’immobilisme). Dans d’autres situations, on se défend, on se met en colère ou on fait face au problème, on tente de contrôler la situation, de reprendre le dessus … (= comportements de combat).

Il n’y a pas une catégorie de comportements qui vaut mieux qu’une autre. Tout dépend de la situation et de la personne. Parfois, il vaut mieux clairement éviter et fuir une situation dangereuse, parfois il vaut mieux vaut accepter les choses telles qu’elles sont, parfois encore, mieux vaut essayer de surmonter sa peur et se battre (au sens figuré).

Mais il est clair qu’au sein de ces 3 catégories, certaines stratégies seront plus efficaces sur le long terme que d’autres.

Certaines personnes adoptent plus spontanément un type de réponses que d’autres. Ce qui est important, c’est de reconnaître les symptômes de l’anxiété (tremblements, mal de ventre, tensions, pensées négatives…) quand ils sont présents et d’être attentif aux stratégies qu’on a tendance à utiliser (envie de fuir, d’éviter, de s’isoler, d’agresser…).

Ai-je tendance à systématiquement fuir ou à me bloquer devant une situation qui m’angoisse? Ai-je plutôt tendance à me montrer agressif avec les autres quand je suis stressé ? Ai-je tendance à prendre des risques et vouloir ignorer ma peur ?

Les personnes fortement anxieuses ont généralement tendance à l’évitement des situations anxiogènes, et quand ce n’est pas possible, peuvent développer des blocages ou des crises de paniques.

Identifier ses émotions (ce qu’on ressent), ses pensées anxieuses (ce qu’on se dit ou imagine dans les moments de stress), et ses réponses automatiques (ce qu’on fait quand on est stressé), il est ensuite plus facile de prendre du recul et de gérer son anxiété et les réponses qu’on adopte. Un accompagnement thérapeutique est souhaitable pour effectuer un tel travail.

Mais en tant que parent, comment aider son enfant à mieux gérer son anxiété?

Comment aider son enfant à surmonter son anxiété ?

Voici 5 conseils pour aider un enfant à surmonter son anxiété. Si malgré tout, les symptômes persistent ou s’intensifient, il est souhaitable d’aller consulter un psychologue.

1 – Apprenez-lui à RESPIRER lentement, profondément et régulièrement, pour calmer son corps. En effet, une respiration adéquate permet de diminuer le rythme des battements cardiaques qui augmente dans les situations anxiogènes.

2 – Invitez-le à VERBALISER ses pensées, à mettre des mots pour préciser les causes de son anxiété.

3 – Aidez-le à RELATIVISER ses peurs et à les questionner. Quand on est très anxieux, on a généralement tendance à exagérer et à cultiver des pensées négatives du style « Si je prends la parole, on va se moquer de moi », « Je vais encore rater ». Une fois que ces pensées ont été verbalisées, on peut aider le jeune à les remettre en question. Par exemple, dans le cas de l’anxiété de performance, si le jeune est persuadé qu’il va échouer (dans une compétition, une dictée, un examen, un projet, …), on peut lui demander : « As-tu des preuves que cela va arriver ? Est-ce que cela s’est toujours passé comme ça? Est-ce que c’est déjà arrivé à des gens autour de toi ? Au pire, si ça arrivait, en quoi serait-ce si épouvantable ? Si cette situation arrivait à un de tes amis, comment réagirais-tu ? ».  

4 – Soutenez-le à trouver des PENSÉES AIDANTES et des SOLUTIONS. Par exemple, toujours dans le cas de l’anxiété de la performance, on peut l’aider à renforcer les pensées positives, du type : « Dans le passé, ça m’est souvent arrivé de réussir », « Tout le monde peut faire des erreurs, si ça arrive ce n’est pas la fin du monde », « Mieux vaut essayer et se tromper, que ne rien tenter du tout », « Mes erreurs me permettent d’apprendre », etc. On peut également l’encourager à trouver des solutions saines qui lui conviennent pour surmonter son anxiété. Par exemple, il a été démontré que la pratique d’un sport (choisi) ou d’exercices physiques permettent de réduire efficacement le niveau d’anxiété. Une autre stratégie pour faire baisser le niveau de stress est d’écouter de la musique. Quelques secondes d’écoute suffisent à induire dans notre cerveau l’émotion véhiculée par l’extrait musical. Rien de tel donc qu’une musique calme pour se détendre ou bien une musique stimulante pour se motiver à affronter la situation stressante.

5 – ENCOURAGEZ-LE lorsqu’il se montre courageux, qu’il surmonte une difficulté même minime. Surmonter son anxiété ne se fait pas du jour au lendemain, mais se fait étape par étape, pas à pas.

6 – Veillez à NE PAS TRANSMETTRE VOTRE PROPRE ANXIETE à vos enfants tant que possible… Lorsqu’un parent souffre d’un trouble de l’anxiété, il y a plus de risques que son enfant développe lui aussi certains symptômes. D’une part, un parent très anxieux peut avoir tendance à surprotéger son enfant, lui envoyant ainsi le message que le monde est dangereux et qu’il ne peut l’affronter seul… D’autre part, le parent est un modèle pour l’enfant: s’il réagit avec beaucoup d’anxiété devant certaines situations, l’enfant peut développer la même réaction. Par exemple, si je me mets à hurler à chaque fois que je vois une araignée, mon enfant aura tendance à penser que les araignées sont dangereures. C’est ce qu’on appelle l’apprentissage social. Si vous souffrez vous même de troubles anxieux, il peut donc être judicieux d’effectuer d’abord un travail sur vous-même ! Cependant, il semble aussi y avoir des facteurs génétiques qui favorisent les troubles anxieux.

Guides pratiques pour les jeunes et/ou leurs parents:

  • « Incroyable Moi maîtrise son anxiété » (Edition midi trente): un guide d’intervention illustré conçu pour aider les enfants à mieux comprendre les manifestations physiques, cognitives et émotionnelles de leur état mais, surtout, à devenir de véritables champions de la gestion de l’anxiété. 
  • « Guide de survie pour surmonter les peurs et les inquiétudes » (Edition midi trente): Stress, phobie des araignées, attaques de panique, craintes reliées à la vie à l’école… Certains jeunes vivent chaque jour avec des peurs, des inquiétudes et de l’anxiété. Si c’est ton cas, ce guide pratique est pour toi!

  • « Anxiété » de Scott Stossel (Edition Belfond)Vous êtes anxieux ? Ce n’est probablement pas grand-chose à côté de ce que vit Scott Stossel. Outre ses phobies de l’avion, du fromage, de vomir, ou encore de s’exprimer en public, ce dernier est en proie à un malaise constant, à des crises de panique imprévisibles ; en bref, à une angoisse existentielle permanente. Au gré du récit de son propre combat contre l’anxiété et afin de mieux en saisir les mécanismes, Scott Stossel convoque l’histoire de la philosophie, des religions, de la littérature, de la psychanalyse, de la pharmacologie, ainsi que les dernières recherches en génétique ou en neurosciences.

L’anosognosie

Une des richesses de l’être humain est qu’il est capable d’autoréflexion ou de métacognition, c’est-à-dire qu’il peut avoir une réflexion sur ses propres pensées et comportements (ex: j’ai du mal à contrôler les émotions; j’ai souvent du mal à me concentrer, etc.).

Cependant, chez les personnes qui présentent des lésions cérébrales (par exemple, suite à un AVC, un traumatisme crânien, une tumeur ou une maladie neurodégénérative), les capacités de métacognition et de conscience de soi peuvent être atteintes. C’est souvant le cas, quand le lobe frontal ou le lobe pariétal de l’hémisphère droit ont été touchés. Dans ce cas, les patients ont tendance à mal évaluer leurs comportements. Ils peuvent complètement sous-estimer leurs difficultés et à surestimer leurs capacités, alors que leurs proches, eux, relatent un point de vue complètement différent.

Quand un patient cérébrolésé n’a pas conscience de ses troubles, on parle alors d’anosognosie. Il est important de l’aider à prendre progressivement conscience de ses difficultés car c’est seulement à cette condition qu’il pourra devenir pleinement acteur de sa revalidation et mettre en place (avec l’aide d’un thérapeute et de ses proches) des stratégies visant à compenser ses difficultés et le handicap qu’elles entraînent.

Cependant, il faut aussi savoir que la prise de conscience de ses déficits s’accompagne souvent d’une augmentation de l’anxiété et de la dépression. Il est donc important que le patient soit soutenu dans ce processus, afin que cela ne se transforme pas en une expérience négative.

Catherine Demoulin

Un phénomène étrange : l’héminégligence

L’ héminégligence (ou la négligence unilatérale) est un trouble curieux. Les personnes qui en souffrent présentent généralement une lésion cérébrale de l’hémisphère droit (provoquée, par exemple, par un accident vasculaire cérébral). Suites à ces lésions, elles ont tendance à ignorer tout ce qui se situe dans leur champ visuel gauche (le côté opposé à la lésion) ou le côté gauche de leur corps, ce qui peut se marquer de différentes manières dans la vie quotidienne :

  • ne manger que les aliments situés dans la partie droite de leur assiette
  • se raser/se maquiller un seul côté du visage
  • ignorer une personne qui se trouve à sa gauche
  • ne dessiner que le côté droit d’un objet ou que les dessins qui se trouvent sur la partie droite de la feuille
  • lire uniquement les pages de droite d’un livre, ou bien le côté droit du texte
  • Se cogner systématiquement à des objets situés à gauche
  • Écrire sur le côté droit d’une feuille (marge de gauche anormalement large)
  • Se laver et habiller uniquement le côté droit du corps, etc.

Il existe des cas de patients atteints d’une lésion hémisphérique gauche qui présentent une néglignece du côté droit, mais c’est nettement plus rare et souvent moins sévère et moins durable.

La négligence peut concerner l’espace ou bien être centrée sur l’objet (ignorer un coté de l’objet, quelle que soit la position de cet objet par rapport à notre corps). Elle peut également toucher les représentations mentales de l’espace, comme l’a démontré l’équipe milanaise de Bisiach, en 1986: ainsi, quand on leur demande de décrire de mémoire un endroit qu’ils connaissent bien, certains patients ne décrivent qu’un seul côté, selon le point de vue qu’ils ont pris. Dans ce cas, l’espace imaginé, représenté est donc également atteint.

Quand on demande à des personnes atteintes d’héminégligence de copier un dessin, voici des exemples de ce qu’elles peuvent produire:

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L’héminégligence s’accompagne souvent d’une anosognosie, c’est à dire que le patient n’a pas conscience de son trouble, même quand on tente de lui démontrer ses erreurs. Heureusement, habituellement, l’anosognosie régresse et le patient peut prendre progressivement conscience de son trouble.

Pourquoi pas le coté droit ?

Enfin, on peut se demander pourquoi ce sont généralement les lésions dans l’hémisphèrique droit qui provoquent la négligence du coté gauche de l’espace (ou des objets) et non l’inverse. Tout d’abord,  il faut rappeler que chaque hémisphère perçoit et envoit des informations au côté opposé du corps. Si on vous enlève l’hémisphère droit, vous serez, entre autres, paralysé du coté gauche et vice-versa… Ensuite, ce sont généralement des lésions dans les régions pariétales qui conduisent à l’héminégligence. Or, le lobe pariétal joue un rôle essentiel dans l’attention et la perception visuo-spatiale. Cela pourrait suggérer que le cortex pariétal droit a un rôle plus important que le gauche dans le contrôle de l’attention. Aujourd’hui, la majorité des modèles théoriques de l’héminégligence postulent, en effet, un déficit de nature attentionnelle. Il reste cependant encore beaucoup de questions en suspens et il faut bien reconnaître que l’héminégligence (ou les différentes formes d’héminégligences ?) est encore un syndrôme mal compris.

Catherine Demoulin

Le TDA/H: Trouble Dysfonctionnel de l’Attention avec ou sans Hyperactivité

De quoi parle-t-on ?

Le trouble dysfonctionnel de l’attention avec ou sans hyperactivité ou TDA/H est la façon actuelle de concevoir un ensemble de particularités cognitives et comportementales, présentes depuis l’enfance, et qui ont un impact sur le fonctionnement social, scolaire, familial et/ou professionnel de la personne. Ces particularités sont:

  • des symptômes d’inattention persistants :  une tendance excessive à la distraction qui aboutit à des erreurs et des oublis fréquents, à des difficultés à s’organiser, à suivre des instructions jusqu’au bout, à terminer ce qui est commencé… L’inattention entraîne aussi de grandes difficultés à rester concentré sur des tâches peu stimulantes ou bien difficiles, ou encore à suivre une conversation. Le « vagabondage mental » involontaire est très marqué. Cela n’empêche pas que la personne peut rester hyperconcentrée sur des tâches qu’elle apprécie et qui la stimule particulièrement.
  • accompagnés ou non d’hyperactivité et d’impulsivité : cette hyperactivité est le plus souvent désorganisée et non constructive: difficultés à rester assis tranquillement, à se détendre, pensées qui vont dans tous les sens,  bougeotte ou agitation intérieure très présente. L’impulsivité se marque, quant à elle, par des difficultés à inhiber les actions verbales, motrices, cognitives ou émotionnelles: tendance à parler trop, sans réfléchir, à couper la parole, à être impatient, à se précipiter dans l’action, à manquer de tact…

Il est tout à fait possible de présenter un trouble déficitaire de l’attention (TDA) sans présenter des symptômes d’hyperactivité et d’impulsivité. Le TDA se marque alors principalement par de la lenteur, une forte tendance à la rêverie et au vagabondage mental.

Je suis souvent distrait… Ai-je un TDAH?

Toute personne qui est un peu tête en l’air, rêveuse ou encore très active n’a pas un TDAH pour autant. La question de la sévérité des symptômes et de l’impact fonctionnel de ceux-ci sur le quotidien de la personne est primordiale. Autrement dit, les symptômes doivent être associés à un retentissement clinique ou psycho-social, et être présents dans au moins deux domaines de la vie courante. 

De plus, les symptômes d’inattention ou d’agitation ne sont absolument pas spécifiques au TDA/H. D’autres facteurs, comme l’anxiété, le burnout, une surcharge mentale, une dépression ou un déficit de sommeil, par exemple, peuvent entraîner des symptômes similaires à ceux du TDA/H. Il n’est pas toujours évident de faire la part des choses entre ces différents facteurs.

L’évaluation diagnostique se fait par un entretien avec le patient ou ses parents durant lequel les symptômes et les difficultés sont discutés. Pour que le diagnostic de TDAH soit posé, il faut que des symptômes soient :

  • très fréquents;
  • présents depuis l’enfance (bien qu’ils puissent être parfois compensés par certains facteurs) ;
  • qu’ils aient un impact marqué sur le quotidien de la personne
  • pas mieux expliqués par un autre trouble ou une autre cause (épilepsie, troubles des apprentissages, hypo/hyperthyroïdie, dépression, forte anxiété, addiction au cannabis…)

Notons que des troubles psychoaffectifs peuvent aussi créer chez l’enfant des symptômes semblables à ceux définissant le TDA/H, mais dans ce cas, on parlera d’hyperactivité ou d’inattention réactionnelle et non de TDA/H.

Il en va de même chez un ado ou un adulte qui, par exemple, ne dormirait pas suffisamment ou travaillerait trop: en cas de fatigue ou de surmenage, il est normal de présenter des difficultés d’attention.

Certains enfants ayant de grandes facilités intellectuelles peuvent aussi montrer des symptômes d’inattention en classe et de l’agitation, sans présenter de véritables troubles: leur comportement est alors surtout dû à de l’ennui et à un manque de stimulation intellectuelle adaptée à leur niveau. Cependant, il est aussi possible de présenter à la fois de hautes aptitudes intellectuelles et un TDAH. 

Les évaluations psychologiques peuvent aider à exclure d’autres diagnostics possibles (ex : trouble d’apprentissage, faiblesses intellectuelles, HP, troubles anxieux primaires…) ou encore explorer la contribution de facteurs sociaux ou psychologiques.

Cependant, une comorbidité avec d’autres symptômes, syndromes ou troubles psychiatriques est habituellement retrouvée chez l’enfant et l’adulte TDAH dans environ 75% des cas. Par conséquent, il convient de réaliser par ailleurs une évaluation psychiatrique générale des symptômes, syndromes et troubles habituellement comorbides. Les problèmes de santé mentale les plus fréquents associes au TDAH comprennent les troubles anxieux, dépressifs, bipolaires, l’abus de substances et les addictions, les troubles du sommeil et les troubles de la personnalité; tous doivent être recherchés.

En conclusion, comme le TDAH n’a aucun symptôme spécifiques, les chevauchements avec d’autres troubles peuvent être nombreux. Le diagnostic de TDAH est donc loin d’être évident, surtout plusieurs troubles ou facteurs potentiels sont présents.

Qui pose le diagnostic de TDA/H ?

Le TDAH figure dans le DSM (le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) qui fournit des critères comportementaux qui doivent être remplis pour pouvoir poser le diagnostic. Il n’y a pas de tests biologiques ni psychométriques pour identifier le TDA/H.

En principe, le diagnostic est posé, pour un enfant ou un ado, par un.e neuropédiatre ou pédopsychiatre spécialisé.e dans le TDA/H. Chez les adultes, c’est un.e neurologue ou psychiatre spécialisé.e qu’il faudra consulter (et attention, les listes d’attente sont parfois très longues chez ces spécialistes). Ces médecins s’appuieront sur les antécédents complets de la personne et sur la collecte d’informations transmises par des personnes côtoyant l’enfant (parents, enseignants, bilans effectués chez le/la psy). Il faut toujours une  évaluation médicale complète dans le cas d’un TDAH.

Un.e neuropsychologue (qui est un psychologue) ne pose pas de diagnostic médical comme celui du TDA/H mais peut  mener un entretien clinique  approfondi avec les parents et l’enfant ou avec l’adulte, en vue de récolter un maximum d’éléments, donner son avis sur l’origine des symptômes, émettre des hypothèses diagnostiques qui seront confirmées ou non par un médecin.

Le/la neuropsychologue peut aussi réaliser un bilan intellectuel et neuropsychologique pour évaluer plus précisément les différentes fonctions cognitives (notamment attentionnelles et exécutives) et apporter des informations permettant de mieux comprendre le fonctionnement de l’enfant ou de l’adulte, ses forces et faiblesses. 

Attention ! De bonnes performances dans les épreuves ne permettent pas d’écarter un TDAH. En effet, certains enfants ou adultes ayant les symptômes d’un TDAH dans leur vie quotidienne réussissent les tests car ils sont, par exemple, motivés ou intéressés par les tâches ou encore parce qu’ils se trouvent face à une tâche cadrée, dans un environnement sans distractions. A l’inverse, des personnes sans TDAH peuvent avoir des performances déficitaires à ces tests pour de multiples raisons.

Enfin, en tant que psychologue, le neuropsychologue pourra aussi investiguer les difficultés émotionnelles (anxiété, dépression, trauma…) et vérifier si ces difficultés sont primaires ou secondaires au TDAH.

Les bilans neuropsychologiques ne sont donc pas obligatoires pour poser un diagnostic de TDAH. Cependant, avec l’observation qualitative durant leur passation, ils restent très intéressants pour la compréhension du fonctionnement de la personne et apportent des informations qui pourront être utilisées dans l’accompagnement.

Le rôle de l’environnement

« Dans un environnement adapté, on ne souffre pas du TDAH ».
Dr. Louis VERA

Actuellement, de plus en plus de personnes se plaignent de leurs capacités d’attention et beaucoup se reconnaissent dans les symptômes du TDAH. Certains parlent d’ailleurs de mode. Mais les symptômes du TDAH n’ont rien de nouveau.

Cependant,  la gestion de son attention est devenue cruciale pour bien fonctionner dans le monde d’aujourd’hui. En effet, nous sommes plus que jamais constamment bombardés d’informations, de choix, de distractions, de tentations… Parrallèlement, l’école et le monde du travail favorisent et valorisent les personnes capables de rester focalisées sur leur tâche, les personnes consciencieuses, stables, plutôt que les personnes rêveuses, impulsives, dispersées ou désorganisées.  On peut donc dire que la société actuelle est loin de constituer un environnement favorable aux personnes qui ont ce profil, ce qui peut selon moi expliquer le fait que la question du TDAH  se pose de plus en plus fréquemment.

Si l’on conçoit le TDAH comme une particularité du fonctionnement cognitif qui, en interaction avec l’environnement, aboutit à des comportements dysfonctionnels, on peut dire que l’environnement actuel conduit à une augmentation du nombre de personnes souffrant du TDAH. En effet, la souffrance engendrée par les symptômes du TDAH dépend fortement de l’environnement dans lequel la personne évolue et le monde actuel constitue un véritable challenge pour un cerveau TDAH.

On peut imaginer que, pendant des centaines de milliers d’années, posséder les particularités du TDAH n’étaient pas aussi problématique et pouvait même constituer un avantage sélectif. En tout cas, nos ancêtres ne devaient pas rester tranquillement assis à écouter quelqu’un parler pendant des heures, rédiger des documents, gérer de la paperasse administrative, recevoir et filtrer des milliers d’informations par jour, résister à consulter son Smartphone et ses possibilités infinies de distractions… Or, filtrer et ignorer les distractions pour se concentrer sur une tâche plus utile (mais qui l’intéresse peu) est particulièrement problématique pour une personne TDAH.

Au niveau plus familial, le rôle de l’environnement est aussi déterminant: un environnement compréhensif, cadrant, encourageant et bienveillant peut permettre à la personne TDAH d’accepter ses faiblesses, d’en compenser certaines, d’apprendre des stratégies et d’avancer…  Alors qu’un environnement dévalorisant, rigide, maltraitant ou trop exigeant peut avoir pour conséquence une mauvaise estime de soi, un sentiment d’incompétence, un mal-être général qui vont amplifier les symptômes…

Inversement, je suis persuadée que l’environnement actuel et certaines mauvaises habitudes (ex: Mode du multi-tâche, du travail en open spaces, des interruptions et distractions continues, manque de sommeil et sédentarité…) sont aussi propices à l’augmentation des difficultés attentionnelles et exécutives, sans qu’on ait pour autant un TDAH.

En conclusion, diagnostiquer un TDAH chez une personne, enfant et adulte, n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Certains profils TDAH sont plus évidents à identifier que d’autres, plus complexes.

Catherine Demoulin

Pour aller plus loin:

Accident vasculaire cérébral (AVC)

Qu’est-ce qu’un accident vasculaire cérébral (AVC) ?

Pour fonctionner, les cellules de notre cerveau ont besoin d’un apport constant en sang, qui leur fournit les nutriments et l’oxygène. Si les cellules cérébrales sont privées trop longtemps d’oxygène, elles s’affaiblissent, dysfonctionnent puis finissent par mourir.

Lorsque l’apport en sang dans une partie du cerveau est interrompu à cause d’un caillot (80% des cas), on parle d’AVC ischémique (ou d’infarctus cérébral). Lorsque cet apport sanguin est interrompu à cause d’un vaisseau sanguin qui a éclaté (provoquant ainsi une hémorragie cérébrale) on parle d’AVC hémorragique.

Il est aussi possible qu’il se produise une interruption temporaire de l’apport sanguin (de quelques secondes à quelques minutes). On parle alors d’AVC ischémique transitoire (mini-AVC).

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Quels sont les premiers symptômes?

Les premiers symptômes d’un AVC dépendent de la région affectée par l’AVC et peuvent se manifester, par exemple, par:

  • une paralysie de la motié du visage
  • une perte de sensation dans un membre ou d’un côté du corps
  • des troubles soudains de l’élocution
  • des troubles soudains de la vision
  • un vertige/une perte d’équilibre, des maux de têtes intenses et inhabituels
  • etc…

Dès la présence de tels symptômes, il est primordial d’agir vite et d’appeler les urgences (112). En effet, plus les soins sont apportés rapidement, plus le risque de garder des séquelles diminue. Aussi, dans le cas d’un AVC ischémique, si on arrive à l’hôpital dans les 3 heures qui suivent les premiers signes, le médecin peut administrer un médicament thrombolytique pour dissoudre les caillots sanguins.

Quelles sont les conséquences d’un AVC ?

L’AVC est une des premières causes de handicap physique chez l’adulte. Il entraîne aussi la mort dans environ 1/3 des cas.

Un AVC entraîne généralement des séquelles qui dépendent de la gravité du dommage, de l’état de santé de la personne avant l’AVC et de la zone du cerveau touchée. Ainsi, si l’AVC se produit dans le lobe temporal de l’hémisphère gauche du cerveau, les séquelles toucheront généralement le langage et la mémoire verbale. Si les lobes occipitaux, situés à l’arrière du cerveau, sont touchés, on s’attend à des troubles visuels comme une perte de la vision ou des problèmes de reconnaissance d’objets, de visages ou de lettres.

Avec le temps et une prise en charge adaptée, certaines personnes récupèrent complètement, d’autres gardent des séquelles à vie.

Enfin, le fait d’avoir subi un AVC, surtout s’il s’agit d’un AVC ischémique, prédispose à la survenue d’autres accidents vasculaires. D’où l’importance de limiter les facteurs de risques.

Quelles sont les facteurs de risques d’un AVC ?

Les principaux facteurs de risque de faire un AVC sont communs à toutes les maladies vasculaires.

  • L’hypertension artérielle : c’est le premier des facteurs de risque, quel que soit le type d’AVC (ischémique ou hémorragique). Il est donc important de faire surveiller sa tension artérielle par son médecin et de suivre un traitement en cas d’hypertension. D’autant plus que la motié des personnes hypetendues ignorent qu’elles souffrent d’hypertention, parce qu’elle ne s’accompagne pas de symptômes manifestes ! En fait, l’hypertension artérielle produit, à la longue, une usure et un vieillissement prématurés des vaisseaux sanguins.
  • Le tabagisme : chez un fumeur, le risque d’AVC ischémique est multiplié par 1,5 à 2,5. Fumer entraîne une perte d’élasticité des artères (arthérosclérose). En outre, la nicotine agit comme un stimulant cardiaque et augmente la pression sanguine. Enfin, le monoxyde de carbone présent dans la fumée, réduit la quantité d’oxygène qui parvient au cerveau, parce qu’il se fixe aux globules rouges à la place de l’oxygène.
  • Une consommation élevée d’alcool triple le risque de présenter un AVC, ischémique ou hémorragique.
  • La sédentarité : peu ou pas d’activité physique favorise la survenue d’un AVC
  • La surcharge pondérale
  • Un taux élevé de cholestérol
  • Le diabète
  • Le stress chronique
  • La prise de contraceptifs oraux

Eviter l’hypertention et avoir une bonne hygiène de vie peuvent donc réduire fortement le risque de subir un AVC, même si des facteurs héréditaires/génétiques peuvent aussi jouer un rôle important.

Après l’AVC…

Après un AVC, il est crucial d’accompagner la personne et ses proches.

En fonction du type de séquelles (motrices, cognitives, psychologiques) et des objectifs du patient, des professionnels sont disponibles pour accompagner le patient: kinésithérapeute pour les troubles moteurs, logopède pour les troubles du langage, ergothérapeute pour développer des adaptations au domicile du patient…

Le neuropsychologue peut également jouer un rôle important dans cette prise en charge. Ainsi, après un bilan neuropsychologique qui permettra d’identifier clairement les fonctions déficitaires (mais aussi celles qui sont préservées), un travail de remédiation cognitive ciblé peut être proposé, afin de restaurer ou de compenser les fonctions cognitives déficitaires (en aidant le patient à mettre en place des stratégies compensatoires). Les programmes de remédiation cognitive reposent généralement sur la réalisation d’exercices stimulants adaptés au patient. Un suivi permet alors d’objectiver les progrès et la récupération.

Enfin, un soutien psychologique pour le patient, mais aussi pour ses proches, peut parfois être nécessaire pour surmonter l’épreuve et, si les séquelles persistent, composer avec le handicap.

Catherine Demoulin

Bougez ! C’est bon pour la mémoire

L’hippocampe est une structure du cerveau capitale pour la mémoire à long terme. C’est lui, en effet, qui nous permet de former des souvenirs à long terme. L’hippocampe est aussi impliqué dans la régulation de l’humeur. Nous en avons un dans chaque hémisphère.

amygdala-hippocampusDurant le vieillissement, le volume de l’hippocampe diminue progressivement (Raz et al., 2005), ce qui peut conduire à des difficultés de mémorisation et à un risque accru de démence (Jack et al., 2010). Or si l’hippocampe est trop endommagé, il n’existe aucune autre structure cérébrale capable de prendre le relais.

Le stress prolongé a également des effets délétères sur l’hippocampe, cela à tous les âges de la vie (Lupien et al. 2005). En effet, l’hippocampe est particulièrement vulnérable au stress chronique car ses cellules sont dotées d’un grand nombre de récepteurs de cortisol, une hormone libérée en cas de stress. Une exposition continue à des taux élevés de cortisol endommage les cellules hippocampiques.

Autrement dit, pour garder, autant que possible, une bonne mémoire en vieillissant, il est primordial d’éviter les épisodes de stress chronique. Une des manières de le faire peut passer par l’exercice physique qui permet d’améliorer l’humeur et de diminuer l’anxiété (Broman-Fulks et al., 2015).

Mais il semble que l’exercice physique ait une influence plus directe encore sur notre cerveau et sur l’hippocampe en particulier. En effet, plusieurs études ont montré que l’exercice, et en particulier celui pratiqué en mode aérobie (comme le jogging, la marche, la natation, le vélo réalisés avec une intensité moyenne), permet d’augmenter le volume de l’hippocampe, cela même chez les personnes âgées.

Dans une de ces études, Erickson et collaborateurs (2010) ont divisé en deux un groupe de 120 personnes âgées entre 55 et 80 ans. La moitié a dû marcher 40 minutes sur une piste, trois fois par semaine (groupe exercice aérobie); l’autre moitié a dû réaliser des exercices de stretching et de renforcement musculaire (groupe contrôle). Au bout d’un an avec un tel programme, les chercheurs ont fait passer un examen IRM aux participants et ont observé que les personnes qui ont fait de la marche ont vu le volume de leur hippocampe augmenter. En outre, l’augmentation du volume hippocampique était associée à de meilleures performances dans la tâche de mémoire spatiale réalisée en fin d’expérience. Dans le groupe contrôle, en revanche, le volume de l’hippocampe avait diminué (à cause du vieillissement). Cependant, cette diminution naturelle était moindre chez les personnes les plus actives et les plus en forme avant l’expérience.

Les résultats de cette étude indiquent donc que pratiquer régulièrement des exercices aérobie, comme marcher à un bon rythme, est efficace pour palier à la perte de volume hippocampique qui se produit durant le vieillissement cérébral et peut améliorer la mémoire.

Ces conclusions rejoignent celles d’autres études ayant mis en évidence les bienfaits de l’exercice sur la mémoire (ex: Richards et al., 2003Stewart et al., 2003Sabia et al., 2009Flöel et al., 2010Ruscheweyh et al., 2011; Kandola et al. 2016).

Comment l’exercice physique aérobie peut-il contribuer à améliorer le volume de l’hippocampe ?

Une première possibilité est que l’exercice physique aérobie ralentit le vieillissement cognitif en agissant sur les facteurs de risques vasculaires et métaboliques. On sait, en effet, que l’activité physique a des effets bénéfiques sur le système cardio-vasculaire et le métabolisme, ce qui favorise l’oxygénation de cerveau et pourrait donc concourir à la préservation/stimulation des structures cérébrales.

Une autre explication est que l’exercice physique pourrait stimuler directement les fonctions cérébrales en induisant des changements structuraux et neurochimiques dans l’hippocampe et les régions reliées. Plus précisément, faire de l’exercice augmenterait la sécrétion d’une protéine, appelée facteur neurotrophique dérivé du cerveau ou BDNF (pour Brain-Derived Neurotrophic Factor), qui est cruciale pour la croissance et la survie des neurones de l’hippocampe (Szuhany et al., 2015).

Ces deux explications ne sont pas mutuellement exclusives et sont toujours étudiées actuellement (Duzel et al., 2016).

Si la recherche a démontré que l’exercice aérobie est particulièrement intéressant pour le cerveau, cela ne signifie pas que les autres types d’exercices, comme le renforcement musculaire ou l’entraînement à haute intensité (comme le HIIT, pour hight intensity interval training, en anglais) sont à proscrire: ces exercices peuvent également être bénéfiques pour l’organisme et pour d’autres fonctions cognitives (Drigny et al., 2014; Guiraud et al., 2012). La recherche sur les effets de l’activité physique de type HIIT sur le cerveau sont en plein essor et on en saura sans doute davantage sur ses bénéfices d’ici quelques années.

Apprendre à lire

La lecture est une des voies privilégiées pour développer ses compétences verbales et ses connaissances sur le monde et sur autrui. C’est aussi un facteur essentiel à la réussite scolaire. Toutefois, apprendre à lire et à écrire est un apprentissage complexe qui nécessite un enseignement explicite, beaucoup d’efforts et de pratique.

Cet article (dont une grosse partie est issue de ma thèse de doctorat) a pour but d’expliquer comment se passe l’apprentissage du langage écrit dans un système d’écriture alphabétique.

Les particularités de l’apprentissage de la lecture dans un système alphabétique

Le système alphabétique permet, à partir d’un ensemble fini de caractères simples et abstraits, les graphèmes (ch, s, a, gn, ou), de représenter les plus petites unités phonologiques distinctives d’une langue parlée : les phonèmes, des unités phonologiques correspondant à différentes réalisations sonores. Ce principe vaut pour les nombreux systèmes alphabétiques, comme les alphabets latins, cyrilliques ou arabes.

1ère étape : prendre conscience des phonèmes

Lire et écrire dans un système alphabétique nécessite d’abord de découvrir le principe selon lequel les graphèmes représentent des phonèmes, et inversement. Ce qui implique, pour l’apprenti lecteur, de prendre conscience des phonèmes, c’est-à-dire d’être capable de les analyser et de les manipuler mentalement. Cette étape est délicate car les enfants non-lecteurs (tout comme les adultes analphabètes) n’ont pas naturellement conscience des phonèmes. En revanche, ils peuvent avoir conscience des syllabes et des rimes qui composent les mots. Ainsi, la conscience des phonèmes, étape décisive pour apprendre à lire, ne se produit pas spontanément mais nécessite de démarrer l’apprentissage d’un code alphabétique.

Si on veut favoriser son émergence, on peut également la stimuler, dès l’école maternelle, avec d’autres compétences métaphonologiques (manipulation des rimes, des syllabes). Cette stimulation précoce aux phonèmes est même fortement souhaitable. En effet, plus les habiletés métaphonologiques d’un enfant sont développées, plus vite il apprendra à lire (e.g., Bowyer-Crane et al., 2008; Bus & van IJzendoorn, 1999; Sénéchal, Lefevre, Thomas, & Daley, 1998). Parmi ces habiletés métaphonologiques, ce sont celles liées spécifiquement aux phonèmes qui sont, sans surprise, les plus prédictives des habiletés futures en lecture (Melby-Lervåg, Lyster, & Hulme, 2012, pour une méta-analyse récente).

Concrètement, pour favoriser l’apprentissage de la lecture, parents comme enseignants peuvent réaliser avec les enfants pré-lecteurs des activités langagières mettant l’accent sur les phonèmes. Par exemple, un exercice consiste à énoncer à l’enfant des mots comme « chemise, chapeau, charrette » tout en accentuant le phonème initial et à leur demander ensuite ce que ces mots ont en commun (i.e., le phonème initial /∫/).Version 2

Bon à savoir: l’acquisition de la conscience phonémique ne semble pas dépendre de l’intelligence, car même des enfants présentant des déficits intellectuels très sévères peuvent la développer (e.g., Morais, Mousty, & Kolinsky, 1998). Par contre, les enfants présentant (ou risquant de présenter) une dyslexie développementale rencontrent généralement des difficultés persistantes dans la perception ou la manipulation des phonèmes, cela malgré un contexte d’apprentissage approprié et des capacités intellectuelles normales ou supérieures (e.g., Ramus, 2003; Swan & Goswami, 1997).

2ème étape: apprendre le code orthographique

La découverte du principe alphabétique va permettre à l’enfant de mettre en correspondance la forme orthographique (le graphème) et la forme phonologique (le phonème), nécessaire pour décoder les premiers mots. Cependant, il va également falloir que l’apprenti lecteur acquière des connaissances à propos de ces correspondances.

L’ensemble des correspondances graphèmes-phonèmes (pertinentes pour la lecture) et phonèmes-graphèmes (pertinentes pour l’écriture) d’une langue correspond à ce qu’on appelle le code orthographique. Alors que le principe alphabétique est universel, le code orthographique, lui, est spécifique à la langue.

Dans des langues au code orthographique dit transparent, comme l’italien, le finnois, l’espagnol ou l’allemand, les relations entre les formes phonologiques et les formes orthographiques sont généralement consistantes : à chaque graphème correspond un seul phonème et à chaque phonème correspond un seul graphème. Quelques mois peuvent donc suffire aux apprenti lecteurs de ces langues pour en apprendre les correspondances et les appliquer à quasiment n’importe quel mot à lire ou transcrire (e.g., Seymour, Aro, & Erskine, 2003). En revanche, dans des langues au code orthographique plus opaque, comme le français, le danois et surtout l’anglais, les correspondances sont plus souvent inconsistantes : un même graphème peut représenter différents phonèmes (e.g., le graphème « ch » dans les mots chorale et chat) et un même phonème peut être représenté par différents graphèmes selon les mots (e.g., le phonème /k/ dans les mots chorale, carte, stock, tank ou quille). Maîtriser la lecture et l’orthographe dans les langues au code orthographique opaque nécessite donc plus de temps et de pratique (Seymour et al., 2003).

L’apprenti lecteur va apprendre ces règles (et les exceptions) de manière explicite, à l’école, mais surtout de manière implicite, à travers ses pratiques de lecture. En effet, à mesure qu’il rencontre et décode de nouveaux mots, ses connaissances des régularités du système orthographique de sa langue se développent, conduisant à une lecture de plus en plus rapide et à une écriture de plus en plus orthographiquement correcte (e.g., Share, 1995, 1999, 2004). Ce processus d’auto-apprentissage, comme l’a dénommé David Share (1995), contribuerait au développement du lexique orthographique dès le tout début de l’apprentissage (Cunningham, Perry, Stanovich, & Share, 2002). Ainsi, plus le jeune lecteur va lire, plus ses compétences en lecture, en orthographe, en vocabulaire et en compréhension à la lecture vont donc s’améliorer. D’où l’importance d’aimer lire, à défaut d’aimer étudier !

Au niveau cognitif, l’apprentissage du code orthographique se traduit par le développement de connexions entre les représentations orthographiques, phonologiques et sémantiques des mots. Ces connexions se consolident au fil de la pratique pour aboutir à la reconnaissance rapide et directe des mots écrits (e.g., Ehri, 2005, 2014; Ehri & Wilce, 1979). Ainsi, chez le lecteur expert, la simple vision d’un mot écrit semble activer immédiatement sa signification et sa prononciation. L’automatisation du processus d’identification de mots est l’une des caractéristiques essentielles de la lecture experte. Mais avant d’en arriver là, l’apprenti lecteur va utiliser différentes stratégies pour identifier les mots écrits.

En conclusion, devenir un bon lecteur prend du temps et demande des efforts. Pour favoriser l’apprentissage de la lecture et que l’enfant ait l’envie d’apprendre, il est primordial de cultiver le goût de la lecture à la maison, en lisant des histoire à son enfant dès le plus jeune âge, en lisant soi-même, en mettant des livres à disposition de son enfant, en faisant des jeux de mots avec lui, en intégrant le week-end des moments lecture… Ne l’oublions pas, les habitudes des parents en matière de lecture (le fait qu’on lise beaucoup ou rarement à la maison par exemple) conditionnent en partie celles qu’adopteront les enfants.

Catherine Demoulin

  • Ma thèse de doctorat réalisée à l’ULB

5 conseils pour mieux se concentrer

Rester concentré tout au long d’une tâche est parfois loin d’être évident, tant les distractions externes (alertes, téléphone, environnement bruyant, odeur de café) ou internes (pensées parasites, vagabondage mental, soucis) peuvent être nombreuses.

Résultat: ce qui pourrait être bouclé en 1h si on était en mode « focus », se termine tant bien que mal au bout de longues heures d’égarement ou pire encore, reste inachevé…

Attention, « rester concentrer jusqu’au bout de la tâche », c’est différent de se « mettre au travail ». Si vous avez plutôt du mal à démarrer une tâche,  voir mon article sur la procrastination.

Voici donc quelques petits conseils visant à favoriser le maintien de l’attention tout au long d’une d’une tâche  :

1- Désencombrer l’endroit où vous allez travailler et éliminer les distractions.

Pourquoi certaines personnes choisissent-elles d’aller se cloîtrer dans un Monastère ou une cabane loin de tout, quand elles veulent étudier ou terminer un livre? Il est bien plus aisé de se concentrer dans un espace rangé, désencombré, minimaliste, que dans un espace envahi d’objets qui nous distraient et nous fatiguent mentalement, même si nous ne nous en rendons pas compte. Notre cerveau utilise, en effet, des ressources attentionnelles pour traiter des informations et pour ignorer des distrateurs. « Ignorer » le bordel ou notre Smartphone qui nous fait de l’oeil  pour se focaliser sur la tâche pertinente est donc fatigant à la longue pour nos fonctions exécutives, notre « chef d’orchestre » intérieur.

Désencombrez donc régulièrement votre table de travail et l’endroit où vous devez fournir un effort mental. Si vous travaillez sur ordinateur, fermez votre boîte mail le temps de votre « mission ». Mettez sur silencieux votre portable ou éloignez-le de votre champ de vision. Rassemblez à proximité uniquement le matériel qui vous sera nécessaire, ainsi qu’un verre d’eau.

2- Clarifier votre objectif (découper en étapes plus digeste si nécessaire) et utiliser un minuteur

Dans certains cas, la concentration est compliquée parce que la tâche est floue, mal définie ou bien trop longue. Le cerveau n’aime pas le flou. Si je ne sais pas sur quoi me concentrer exactement, ni combien de temps je vais devoir le faire, ni si c’est vraiment indispensable, je n’arriverai pas à mobiliser mon attention efficacement.

Parfois la tâche est toute simple (ex: payer mes facture, écrire mon rapport). Il n’est cependant pas inutile de noter sur une feuille votre objectif et de la placer devant vous, histoire de vous rappeler à l’ordre, dans les moments de décrochage.

Parfois la tâche est très longue, alors, il vaux mieux la découper en étapes, plus courtes (car nos capacités attentionnelles se fatiguent).

Si ça vous aide à doser votre effort, travaillez par tranche de temps limitée. Utilisez la méthode POMODORO par exemple,  pour limiter votre temps de concentration à des périodes de 25 minutes entrecoupées de pauses de 5 minutes.

3-Distractions internes: transcrire sur papier ce qui vous encombre l’esprit.

Parfois, les distractions sont internes. Si vous êtes censé travailler sur votre rapport ou étudier votre cours, mais que vous n’arrêtez pas de penser à votre dispute de la veille avec votre ami ou bien à d’autres choses, notez-les sur un bloc note: exemple: » Régler problèmes avec M. » En déposant sur papier vos pensées non pertinentes pour la tâche en cours, vous libérerez de l’espace dans votre mémoire de travail, tout en vous assurant à votre cerveau que vous avez bien compris que c’est important et que vous n’oublierez pas de vous en occuper plus tard.

Cette habitude de noter vos pensées aide aussi à mieux dormir si vous avez tendance à ruminer la nuit (« Il ne faut surtout pas que j’oublie de … », « Je devrais appeler M. un de ces jours »). Une fois noté sur papier, ce ne sera pas oublié. La partie de votre cerveau qui envoie ces rappels nocturnes  pourra être momentanément calmée.

4- Éviter le multitâche.

Faire deux choses en même temps nuit fortement à notre efficacité. En effet, notre cerveau doit basculer rapidement d’une tâche à l’autre, ce qui augmente le risque de perdre ou de ne pas traiter des informations importantes et épuise davantage les ressources attentionnelles. Essayez donc de vous focaliser sur une seule tâche à la fois.

Par contre, il est possible de faire deux choses en même temps quand l’une des actions est automatisée et ne demande pas d’attention. Il n’est pas question de conduire tout en téléphonant (car même si la conduite est automatique, on a besoin de rester attentif à la route, aux autres conducteurs, aux piétons…), mais en revanche, rien de telle qu’une balade en pleine nature pour trouver l’inspiration, réfléchir à un projet, développer des idées… Ce n’est pas un hasard si de grands penseurs comme Aristote, Sénèque ou Nietzsche, avait pour habitude de faire de longues promenades à pied.

5- Faire des pauses de qualité.

Cela peut sembler évident, mais à l’heure actuelle, beaucoup de personnes sont en situation de surcharge mentale chronique: toujours à essayer de mener mille choses de front, à culpabiliser quand il ne font « rien »…. Leur cerveau est rarement en pause.

Au bout d’une heure ou quand ça ne va vraiment plus, faites une pause pour céder au vagabondage mental: se relaxer, boire un grand verre d’eau, prendre l’air, faire de l’exercice, fermer les yeux… Nos ressources attentionnelles s’épuisent vite. On ne peut pas être en mode « concentration » tout le temps. Les moments où vous aller prendre l’air, faire du sport, boire un thé, dessiner ou lire sont des occasions précieuses de recharger les batteries. C’est aussi à ces moments de repos que de nouvelles idées peuvent surgir.

Mais attention aux pauses chronophages qui ne permettent pas de se déconnecter, ni de se ressourcer. Se perdre 30 minutes sur Facebook n’a clairement pas le même effet sur le cerveau qu’aller prendre l’air pour se dégourdir les jambes et laisser son attention vagabonder après avoir bien bossé.

Ces conseils peuvent sembler relever du bon sens. Pourtant, à l’heure actuelle, c’est un véritable défi de gérer correctement ses ressources attentionnelles.

La dyspraxie

Qu’est-ce que la dyspraxie?

Sur le plan neuropsychologique, la dyspraxie est un trouble du développement de la planification spatiale et temporelle de l’action volontaire, qui se traduit par une anomalie de la réalisation gestuelle. 

Généralement, les personnes ayant une dyspraxie sont d’intelligence normale ou supérieure mais très maladroits dans les activités qui demande un geste précis (ex: écriture, jeux de construction, découper sur les lignes), de la rapidité et de l’agilité (ex: sports), des aspects visuo-spatiaux (dessin, géométrie, latéralisation…), de la coordinnation de mouvements, cela en dépit d’une exposition et/ou d’un apprentissage normal des gestes considérés.

Autrement dit, la dyspraxie peut se manifester par :

  • un retard dans les acquisitions motrices (marche)
  • une maladresse
  • de mauvaises performances sportives
  • une dysgraphie (trouble de l’écriture manuscrite)

Ainsi, malgré la répétition et l’entraînement, les personnes dyspraxiques semblent être dans l’incapacité totale ou partielle d’inscrire dans leur cerveau certains « programmes gestuels » et donc d’automatiser certains gestes. Par exemple, concernant le geste d’écriture, quand la plupart des enfants ont plus ou moins automatisé leur geste d’écriture, les enfants dyspraxiques, eux, continuent à avoir des difficultés à tracer les lettres. Une grande partie de leurs ressources attentionnelles est accaparée par le geste d’écriture et ils ne sont plus disponibles pour les autres tâches cognitives (orthographe, grammaire, calcul, compréhension du texte…). Ce qui se répercute bien évidemment sur les apprentissages scolaires.

Il existe plusieurs types de dyspraxies (constructives, idéatoires, idéo-motrices…) en fonction de la nature du geste (assemblage d’objets, habillage, utilisation d’objets, mimes d’actions…).

La dyspraxie est souvent associée à des anomalies de la perception visuo-spatiale et à des troubles d’organisation du regard qui perturbent l’appréhension de l’environnement.

Pour plus d’info, de conseils et d’outils:

  • Le Cartable Fantastique: association qui propose des ressources permettant de faciliter la scolarité des enfants en situation de handicap, et plus particulièrement dyspraxiques.
  • Présentation orale TEDx très claire de la chercheuse Caroline Huron pour mieux comprendre les difficultés rencontrées par les enfants dyspraxiques.
  • C’est pas sorcier sur les troubles Dys.

La mémoire de travail, qu’est-ce que c’est ?

Si importante et pourtant méconnue !

Le concept de mémoire de travail est parfois utilisé comme synonyme de mémoire à court terme, mais il fait plutôt référence à un système qui permet, non seulement de maintenir temporairement des informations, mais également de les traiter et de les manipuler. La mémoire de travail comprend la mémoire à court terme verbale et la mémoire visuo-spatiale, ainsi que des processus de contrôle exécutif et attentionnel (un « administrateur central ») qui va permettre la manipulation de l’information.

La mémoire de travail est considérée comme une fonction cognitive essentielle pour le bon fonctionnement cognitif et les apprentissages scolaires. Elle est impliquée dans toutes les tâches cognitives complexes, comme le raisonnement, la résolution de problèmes, la planification ou encore, la compréhension et la production du langage (parlé ou écrit). Comment comprendre un discours complexe sans avoir à l’esprit une série de concepts et de connaissances qu’il nous faut simultanément traiter ?

Chez les enfants, de nombreuses études indiquent que des faiblesses en mémoire de travail peuvent causer des difficultés dans les apprentissages complexes (mathématiques, lecture). Certaines personnes peuvent également avoir de bonnes capacités en mémoire de travail mais des difficultés à résister aux interférences. Par exemple, quand on présente un Trouble Déficitaire de l’Attention (TDA/H) ou de l’anxiété, il est fréquent d’éprouver des difficultés à ignorer des informations non pertinentes à la tâche (distractions extérieures, pensées parasites, émotions, etc.), ce qui vient perturber la mémoire de travail. C’est ce qui peut expliquer pourquoi un élève peut n’avoir aucune difficultés à faire du calcul mental quand il est dans un environnement calme et sans pression, mais peut perdre tous ses moyens dans un environnement bruyant ou stressé.

Mémoire à court terme

Quand un.e neuropsychologue évalue la mémoire immédiate, il différencie généralement la mémoire à court terme de la mémoire de travail. Comme nous l’avons vu plus haut, la mémoire de travail est un système qui comprend les mémoires à court terme verbale et visuo-spatiale.

Comme dit plus haut, la mémoire à court terme est la fonction cognitive qui nous permet de simplement maintenir des informations mentalement, durant quelques secondes. Elle est impliquée, par exemple, quand on doit retenir une liste de noms ou un numéro de téléphone que l’on vient de nous dicter ou qu’on vient de lire. On parle de mémoire à court terme verbale quand on peut verbaliser l’information à retenir (ex: chiffre, mot écrit, dessin d’objet…) et de mémoire à court terme visuo-spatiale quand l’information est visuelle et/ou spatialement organisée (ex: dessins abstraits, cubes disposés aléatoirement).

Les capacités de la mémoire à court terme sont limitées à quelques éléments. Ainsi, Georges Miller (1956) démontra que, lorsqu’une liste d’items est présentée, on ne peut généralement restituer correctement que 7 (+ ou – 2) items. Des études ont montré plus tard que c’était plutôt 7 chunks, des groupements d’items traités et mémorisés comme une seule unité. Par exemple, si je vous demande de me rappeler une suite de 12 lettres comme M S F O N U F M I D S K, il y a fort à parier que vous regrouperez certaines suites de lettres correspondant à des acronymes bien connus (MSF – ONU – FMI – DSK). Ce qui fait 4 chunks à retenir au lieu de 12, nombre qui dépasserait de loin les capacités de la très grande majorité d’entre nous.

Etant donné la fragilité de notre mémoire à court terme, nous avons appris naturellement à mettre en place des stratégies pour maintenir l’information et éviter qu’elle ne disparaisse avec le temps. Une autre stratégie utilisée avec du matériel verbalisable (des mots, des lettres, des images d’objets connus…) est la récapitulation articulatoire. A partir de l’âge de 6-7 ans, la plupart des enfants commencent à répèter mentalement la séquence qu’ils ont vue ou entendue, tout comme les adultes. Dans les situations où le recours à ces stratégies est empêché ou minimisé, le nombre maximum d’éléments pouvant être maintenus se situerait plutôt entre 3 et 5 (Cowan, 2001).

Que faire en cas de faiblesses dans ce domaine ?

Quand on présente des fragilités en mémoire de travail, il n’est pas évident de renforcer cette mémoire. Il existe des exercices qui implique cette mémoire mais même si on devient meilleur dans ce genre d’exercices, ce n’est pas pour autant que notre mémoire de travail sera plus efficace dans d’autres situations.

Il est donc important de travailler sur les stratégies de mémorisation comme la récapitulation mentale (répéter plusieurs fois les informations), le chunking (grouper des items ensemble) ou encore la visualisation pour des items verbaux (si vous devez mémoriser un liste de mots, en plus de les récapituler verbalement, visualisez des images d’objets les représentant) et la verbalisation pour des items visuo-spatiaux.

La mémoire à court terme dépend donc aussi de notre mémoire à long terme. De nombreuses études ont montré qu’il est plus facile de retenir une liste de mots fréquents qu’une liste de mots rares ou inconnus. On comprend donc mieux pouquoi les enfants qui entrent à l’école avec un niveau de vocabulaire élevé auront davantage de facilités dans leurs apprentissages. En effet, les mots entendus ou lus sont traités en  mémoire de travail mais si ces mots sont inconnus, ils ne sont encore reliés à rien en mémoire à long terme et seront oubliés très rapidement, remplacés par d’autres mots. C’est pareil pour nous, adultes, si nous devions assister à un cours universitaire de biologie moléculaire avec seulement quelques vieilles notions de biologie en mémoire à long terme. Il y a fort à parier que la plupart des notions présentées dans ce cours ne feraient qu’entrer et ressortir de la mémoire de travail, sans s’accrocher à rien en mémoire à long terme, faute d’avoir des pré-connaissances. Avoir des connaissances riches et variées sur lesquelles s’appuyer peut donc constituer une stratégie compensatoire pour des faiblesses en mémoire de travail.

il est aussi essentiel de s’aider d’outils de mémoire externe (bloc note, agenda…) afin d’éviter de surcharger la mémoire de travail. L’écrit à été inventé de manière à palier aux faiblesses de notre mémoire: pour mieux réfléchir, il ne faut pas hésiter à déposer sur papier ce qui occupe de l’espace dans notre mémoire de travail limitée, surtout quand nous ressentons que nous sommes au bord de la saturation.

Mémoire de travail et ruminations

Vous arrive-t-il d’avoir des pensées qui tournent en boucle la nuit et vous empêchent de dormir? La réponse est sans doute affirmative. Il n’y a rien d’étonnant à cela.

Quand nous sommes confrontés à un problème, à une situation incertaine ou encore à un évènement  émotionnel, notre cerveau cherche à traiter cet évènement. La nuit est parfois le seul moment disponible pour notre cerveau pour digérer, rejouer, chercher des solutions… La nuit, nous ne pouvons pas nous distraire ni fuir les problèmes comme nous pouvons facilement le faire en journée. Par conséquent, la mémoire de travail est enfin disponible pour revenir en boucles sur nos petits ou gros problèmes !

Une piste de solution est de déposer sur papier ces pensées. Ayez un bloc note sur votre table de nuit et noter ce qui vous préoccupe. Comme si on disait à la partie du cerveau responsable de ces rappels nocturnes : « C’est bon, merci du rappel cerveau, j’ai bien noté, je n oublierai pas et traiterai ça demain ! Sur ce, bonne nuit ! » . Personnellement, j’ai souvent des rappels nocturnes vers 2-3h du matin. Je prends notes des idées, des solutions que mon cerveau propose puis me plonge dans un roman quelque minutes et en général, je m’endors à nouveau. Par contre, si ce sont des ruminations fréquentes qui occupent vos nuits, il est peut être important de consulter un.e psychologue afin d’en approfondir les causes.

Pour conclure, je dirais qu’une mémoire de travail efficace n’est pas celle qui retient tout, mais celle qui sait quoi garder et quoi lâcher 🙂

Catherine Demoulin

La dyslexie

Certains enfants, malgré une intelligence normale (ou supérieure) et une éducation de qualité, éprouvent des difficultés considérables à apprendre à lire: ils souffrent de dyslexie.

La dyslexie développementale est une anomalie neurobiologique qui se rencontre chez des enfants de tous milieux, même les plus favorisés. La dyslexie se retrouve également dans toutes les langues, même si les langues qui comportent beaucoup d’irrégularités, comme l’anglais et le français, comptent un plus grand nombre de cas manifestes que les langues plus régulières comme l’italien, l’allemand ou l’espagnol. Les symptômes de la dyslexie sont, en effet, d’autant plus marqués que l’orthographe de la langue est irrégulière.

Quand parler de dyslexie ?

Pour parler de dyslexie, il faut exclure :

  • d’autres troubles mentaux ou neurologiques
  • un déficit visuel ou auditif
  • un déficit d’intelligence
  • des désavantages psychosociaux
  • une maîtrise insuffisante de la langue de scolarisation
  • un enseignement inadéquat.

En général, un décalage d’un an et demi ou deux ans par rapport au niveau de lecture attendu doit être observé. Ainsi, un enfant de 8 ans lisant comme un enfant de 6 ans peut être considéré comme dyslexique, à condition que les autres causes possibles mentionnées ci-dessus puissent être exclues.

Quelles sont les causes de la dyslexie

De nombreuses études scientifiques ont montré que la dyslexie a clairement des origines génétiques : si un enfant est dyslexique, il existe de plus fortes chances qu’un de ses frères et sœurs le soit, et qu’un des parents (ou grand-parents) le soit. Les personnes dyslexiques possèderaient des allèles de certains gènes affectant la migration neuronale. De petites anomalies dans les régions cérébrales du langage parlé ont en effet été retrouvées dans le cerveau des personnes dyslexiques. De nombreux scientifiques pensent que ces anomalies induisent un déficit phonologique qui empêcherait le développement normal de l’apprentissage de la lecture.

Comment aider un enfant dyslexique à apprendre à lire ?

Il n’existe pas de traitement pour remédier aux anomalies neuronales. En revanche, une rééducation intensive peut heureusement agir avec succès en aidant l’enfant à contourner/compenser ses déficits. Les méthodes de rééducation dont l’efficacité a été prouvée impliquent notamment des exercices favorisant les habiletés liées à la conscience phonologique (les dyslexiques présentent généralement de grandes difficultés dans ce domaine).

Avec une prise en charge précoce chez un(e) orthophoniste/logopède, il est donc possible qu’un enfant dyslexique apprenne à lire correctement (même si la plupart des enfants dyslexiques ne liront généralement jamais aussi vite que les enfants normo-lecteurs). Il est dès lors crucial d’agir dès les premiers doutes, afin que que l’enfant n’accumule pas du retard dans ses apprentissages et qu’il ne se retrouve pas dans une situation d’échec et de souffrance.

Catherine Demoulin

Pour aller plus loin :

5 conseils pour bien vieillir

Les difficultés cognitives chez les personnes âgées résultent généralement d’une multitude de facteurs, dont certains ayant rapport avec le style de vie. Dans leur livre, « Penser autrement le vieillissement », Martial Van der Linden et Anne-Claude Juillerat décrivent une série de facteurs associés à un bon fonctionnement cognitif. Ici, je me contenterai d’en décrire quelques-uns et renvoie le lecteur qui désire en savoir plus à l’ouvrage susmentionné.

1 – L’activité physique

L’activité physique est non seulemement bénéfique pour le corps vieillissant (ex: préservation de la masse musculaire et de l’équilibre, augmentation des capacités cardio-respiratoires, amélioration de la circulation sanguine, garder la ligne…) mais aussi pour le cerveau. De nombreuses études ont en effet montré que la pratique régulière d’activité physique est associée à un moindre déclin cognitif lors du vieillissement.

D’une part, un style de vie actif réduit les risques de développer des maladies comme le diabète de type II, l’hypertension et les troubles cardiovasculaires. Or, ces derniers sont des facteurs de risque importants des démences. D’autre part, l’activité physique a également des effets bénéfiques plus directs sur le cerveau, et notamment sur les structures cérébrales en charge de la mémoire (Voir aussi ici).

Ainsi, quel que soit son âge, il est primordial d’éviter la sédentarité, par exemple en marchant quotidiennement, jardinant, montant les escaliers ou en pratiquant un sport adapté à ses capacités (consultez votre médecin ou kiné pour savoir quelles activités sont adaptées à votre condition physique).

2 – Des activités intellectuellement stimulantes :

Des études ont montré que pratiquer régulièrement différentes activités stimulantes sur le plan intellectuel (lire, jouer d’un instrument de musique, assister à des conférences, jouer à des jeux de stratégies, faire des mots croisés, etc.) est associé à un moindre risque de développer une démence et à un moindre déclin cognitif lors du vieillissement.

L’apprentissage de nouvelles choses est particulièrement stimulant pour le cerveau. Même si apprendre peut prendre plus de temps à un âge avancé, le cerveau dispose d’une

plasticité cérébrale qui lui permet de le faire à tout âge. Il n’est donc jamais trop tard pour s’y mettre.

3 – Avoir des buts et des projets :

Avoir des projets motivants pour son avenir (préparer un voyage, vouloir apprendre une langue, cultiver un potager, prévoir de déménager…) donne non seulement un sens à son existence, mais implique aussi de plannifier, organiser, réfléchir, … Autant d’activités qui stimulent les fonctions cognitives dites « exécutives » et qui semblent concourir au développement d’une « réserve cognitive » qui permet de différer ou de compenser le déclin cognitif lié à la vieillesse ou à une maladie cérébrale.

4 – Avoir des activités sociales :

De manière générale, l’isolement social est associé à davantage de symptômes dépressifs et à un risque de démence accru. Voir sa famille, ses amis, s’engager dans des activités de bénévolat, faire partie d’un club de loisir, s’occuper de ses petit-enfants,… autant d’exemples d’activités qui permettent de mener une vie sociale riche et stimulante pour le cerveau.

5 – Eviter de fumer et avoir une alimentation saine :

Les bienfaits d’une alimentation riche en fruits, légumes, oléagineux (noix, noisettes, amandes, etc.), légumineuses (lentilles, pois, haricots…), huiles végétales (olive, lin, noix, etc.) et céréales complètes ne sont plus à démontrer.

Couplée à de l’exercice physique régulier, une alimentation saine permet de réduire les risques de maladies comme le diabète de type II, l’hypertension et les troubles cardiovasculaires, qui sont des facteurs de risque des démences, au même titre que le fait de fumer. Ces maladies et la cigarette augmentent, en effet, l’hypoperfusion cérébrale: le cerveau reçoit donc moins de nutriments et d’oxygène nécessaires à son bon fonctionnement.

Et quand la maladie est là ?

Même quand la maladie est là et qu’il n’y a pas de solutions médicamenteuses pour la traiter, le style de vie a toujours de l’importance et les facteurs cités ci-dessus jouent toujours un rôle primordial sur la qualité de vie et l’évolution de la maladie. En effet, l’évolution des difficultés cognitives dans ces maladies n’est pas complètement prévisible et il existe de grandes différences entre les patients à ce niveau. Autrement dit, un style de vie actif, une alimentation saine, des interactions sociales riches et des activités stimulantes intellectuellement peuvent donc fortement améliorer la qualité de vie et l’évolution des difficultés.

Lectures intéressantes :